Face à l’extrême droite, pas de neutralité

0  -  Article mis à jour le 2 juillet 2024

Lettre ouverte des journalistes de “20 Minutes”*

Alors que le Rassemblement national est aux portes du pouvoir, nous, journalistes de 20 Minutes, demandons un engagement clair de notre média contre l’extrême droite. A quelques jours du second tour des législatives, la direction du journal s’entête à réclamer une ligne qu’elle estime “neutre”. Pourtant, dès 2002 et seulement un mois et demi après sa naissance, 20 Minutes a su porter ses valeurs progressistes jusqu’en Une. A l’époque où Jean-Marie Le Pen accédait au second tour, le journal titrait “Faites pas les cons”, conscient que son ADN progressiste et inclusif était foncièrement opposé aux valeurs de l’extrême droite qui prêche la division et la haine de l’autre.

Alors que la version papier de 20 Minutes est vouée à disparaître et que le dernier numéro sortira le 5 juillet, il nous paraît fondamental d’affirmer à nouveau notre rejet d’un tel projet de société. En ces temps graves, nous déplorons la frilosité de la direction qui n’est pas à la hauteur des enjeux.

Alors que la version papier de 20 Minutes est vouée à disparaître et que le dernier numéro sortira le 5 juillet, il nous paraît fondamental d’affirmer à nouveau notre rejet d’un tel projet de société. En ces temps graves, nous déplorons la frilosité de la direction qui n’est pas à la hauteur des enjeux.

Pourtant notre charte est limpide: “20 Minutes est un média d’information indépendant et gratuit, qui s’appuie sur des valeurs humanistes et sur des principes démocratiques”.

Ce texte nous donne clairement les moyens de nous engager contre l’extrême droite et le RN, parti qui promeut des idées fascistes, xénophobes, racistes, sexistes, LGBTphobes et antiprogressistes. Si notre charte nous enjoint bien à “l’indépendance et la neutralité politique et religieuse”, elle précise toutefois que “20 Minutes ne doit pas faciliter l’expression des convictions extrêmes et destructrices de la société”.

Pour que nos concitoyens et concitoyennes soient informées le plus rigoureusement possible, la position éditoriale de 20 Minutes doit être claire et engagée. On ne peut pas se cacher derrière une neutralité de façade. Le RN n’est pas un parti comme les autres.

Aujourd’hui, dans le respect des valeurs que nous partageons, nous ne pouvons donc pas prendre une position moins ferme qu’en 2002. La neutralité ne doit pas servir à banaliser ou minimiser le danger que représente l’extrême droite. Pour que nos concitoyens et concitoyennes soient informées le plus rigoureusement possible, la position éditoriale de 20 Minutes doit être claire et engagée. On ne peut pas se cacher derrière une neutralité de façade. Nous le rappelons: le RN n’est pas un parti comme les autres.

Il fait peser un danger sur notre démocratie mais aussi notre profession. La mise au pas des médias indépendants en Argentine ou en Hongrie est un signal clair de ce qui pourrait se produire si l’extrême droite arrive au pouvoir en France. Les projets du RN risquent d’amplifier la libération d’une parole de plus en plus violente, déjà à l’œuvre depuis des années. Dans les commentaires de nos articles, mais aussi sur nos réseaux sociaux, nos journalistes sont régulièrement insulté.e.s, menacé.e.s de mort ou de viol par des personnes qui se revendiquent de l’extrême droite.

Nous ne pouvons ignorer ces menaces et le danger très concret qui guette la liberté de la presse et tou.te.s ses représentant.e.s. Pour toutes ces raisons, nous estimons qu’il est de la responsabilité de 20 Minutes d’appeler clairement à battre l’extrême droite dans les urnes le 7 juillet.

Le 1er juillet 2024.

* Texte signé par un collectif de 62 journalistes de la rédaction de 20 Minutes, avec le soutien du SNME-CFDT et du SNJ-CGT

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