Sans doute dopé par une assistance en transe, lors d’un dîner-débat avec des lecteurs de Valeurs actuelles, Nicolas Sarkozy s’est lâché : « Ceux qui réussissent plus que les autres sont attaqués parce que la réussite est suspecte. Moi, je veux une capacité de réussite pour chacun d’entre nous. C’est compliqué dans un pays comme le nôtre car ça va demander du courage, et certainement des médias orientés un peu plus comme Valeurs actuelles et un peu moins comme France Télévisions ! » Puis, comme son auditoire en demandait plus, il a enfoncé le clou :
« Les journalistes de France 2, ça donne une idée de ce qu’était Che Guevara. »
Sarkozyx le Gaulois est reparti en guerre contre les journalistes et contre les médias qui, quand ils ne sont pas à ses pieds pour l’adorer (selon lui), sont aussitôt taxés de militantisme d’extrême-gauche.
Que David Pujadas et Léa Salamé soient d’infâmes gauchistes, voilà qui avait dû échapper à beaucoup de téléspectateurs. Sarkozyx avait sans doute abusé de potion magique pour oser comparer les journalistes de France 2 à Che Guevara.
La campagne électorale est d’ores et déjà indigne d’un pays qui se réclame encore des Lumières. Les arguments les plus scandaleux ont cours et, les échéances s’approchant, on peut craindre le pire (s’il n’est pas déjà atteint).
Le candidat Sarkozy donne largement le ton de l’indécence, dénonçant les journalistes, renvoyant des étudiants gabonais dans leur pays et, bien entendu, fermant les frontières aux « invasions des hordes islamiques », bref multipliant toutes les outrances pour exister dans les médias et pour ramener son électorat parti à l’extrême-droite.
Dans son dernier ouvrage Tout pour la France, il souhaite retirer au CSA la nomination des présidents d’audiovisuel public, supprimer progressivement la publicité à Radio France et France Télévisions. Il estime qu’il y a sans doute une chaîne de trop et ajoute « Quant à la nouvelle chaîne d’info du service public, quelle est son utilité alors même qu’il y a déjà trois chaînes d’info gratuites et TNT ? ».
Sarkozy souhaite aussi une loi pour favoriser la concentration dans le secteur des médias ! Il écrit aussi « La dérision, la polémique, l’investigation racoleuse ont trop souvent pris le pas sur la découverte, la science, la culture », faisant référence à des programmes comme Cash Investigation ou les émissions d’humour de France Inter.
Le SNJ-CGT appelle les journalistes à dénoncer ce qui ne doit pas être réduit à de simples dérives verbales ou à des insultes gratuites, mais ce qui correspond bien à des orientations politiques de plus en plus xénophobes et à des régressions sociétales.
Montreuil le 22/09/2016
SNJ-CGT