Communiqué des salariés de Libération

0  -  Article mis à jour le 3 novembre 2017

Ce texte a été voté en assemblée générale à l’unanimité des présents mercredi 18 octobre à 17h45.

La direction de la rédaction s’est opposée à sa publication dans les versions papier et numérique de Libération.

Les salariés de Libération ont reçu ce mercredi 18 octobre Alain Weill, directeur d’Altice Media, et Damien Bernet, son adjoint. Cette rencontre a eu lieu à l’initiative des élus du comité d’entreprise, qui s’étaient réunis avec MM. Weill et Bernet une semaine plus tôt. Elle s’est aussi tenue une heure après que le co-directeur de la rédaction de Libération, Johan Hufnagel, a annoncé à l’équipe son départ dans moins d’un mois.

Face aux élus du CE, M. Weill s’était engagé à annoncer ce mercredi le nom du nouveau directeur général du journal, qui sera déjà le sixième en deux ans, en remplacement de François Dieulesaint, dont le départ est prévu depuis plusieurs mois. Cette première promesse n’a pas été tenue.

MM. Weill et Bernet ont présenté leur projet de développement stratégique pour Libération, lequel est apparu en décalage complet avec les attentes de l’équipe.

Deux ans après une réorganisation « web first » de la rédaction, le plan exposé par Altice Media se borne à un objectif « digital first ». Les rares engagements ne portent que sur des investissements limités, circonscrits aux domaines techniques et non-rédactionnels. L’équipe sera vigilante sur la mise en œuvre de ces investissements, notamment au sein des services développement et marketing. Mais le contenu et le calendrier de ce plan restent imprécis. Seule émerge une ambition forte – irréaliste ? – concernant la conquête d’abonnements numériques à Libération.

Alain Weill n’entend manifestement pas être comptable des engagements de ses prédécesseurs. Il réclame encore de la patience à une équipe qui a déjà fourni des efforts considérables après le plan social de 2014 – en échange de la promesse, non tenue, d’investissements significatifs par l’actionnaire un an plus tard. Les personnels de Libération estiment que le développement du journal ne se fera pas sans un investissement dans le journalisme lui-même. Ils ne peuvent accepter de faire comme si les trois années écoulées, particulièrement éprouvantes, n’avaient pas eu lieu.

L’année 2017 a été encourageante pour Libération, quotidien national dont les ventes ont le plus progressé au premier semestre. Notre couverture de la campagne présidentielle a été saluée, en interne comme à l’extérieur. Mais produire une information originale et de qualité – indispensable pour attirer de nouveaux abonnés – demande de l’engagement et des moyens, humains comme financiers. Or ce plan n’en propose pas.

Les salariés de Libération réclament donc des engagements forts et concrets :

– Que la première étape du projet de développement stratégique de Libération comporte des investissements humains significatifs, afin de soulager et d’enrichir une équipe volontaire et déterminée mais réduite au minimum et où de nombreux postes sollicités au quotidien, nécessitant expertise et stabilité, sont occupés par des salariés en CDD, des pigistes et des prestataires extérieurs ;
– Que l’assurance soit donnée que le prochain directeur général se consacre à temps plein à Libération ;
– Que l’engagement soit pris que toute nomination à la direction de la rédaction, à un poste similaire à celui actuellement occupé par Johan Hufnagel – quel que soit son titre -, soit soumise au vote des salariés, selon l’esprit des statuts de Libération.

 

L’équipe de Libération exige depuis longtemps un plan ambitieux et crédible pour l’avenir du journal et ne se résoudra pas à voir ses attentes à nouveau déçues.

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