AFP : projet de réorganisation rédactionnelle, bientôt l’Agence des tendances

0  -  Article mis à jour le 9 juillet 2020

Communiqué du SNJ-CGT de l’AFP

Malgré les difficultés liées à la pandémie et notamment une communication amoindrie du fait du télétravail, la direction poursuit à marche forcée sa volonté de refonder totalement la rédaction parisienne. En s’appuyant sur les comptes rendus des groupes de travail, elle vient de présenter lors du dernier CSE de juin un projet quasi ficelé qui signifierait un véritable big-bang.

Fini les services, place aux “pôles”. Leur but ? Permettre de mieux réagir aux “tendances”, la nouvelle façon de fonctionner de la rédaction en chef dont seul le nombre de retweets semble désormais faire office de thermomètre rédactionnel.

Ainsi, les services actuels exploseraient au profit des nouveaux :

  • Planète
  • Numérique/culture
  • Entreprises/macro
  • Société
  • Enquêtes
  • Territoires
  • Politique
  • International.

Aucune rédaction nationale n’est organisée de la sorte et justifier un tel chambardement par l’argument d’une meilleure adaptabilité éditoriale aux thématiques actuelles (environnement, questions de genre et diversité principalement), constitue une lourde critique voilée aux journalistes dévoués, qui ont toujours réussi à s’adapter et à se réinventer. Ne suit-on pas suffisamment ces thématiques aujourd’hui ?

Sous le prétexte de faire de l’environnement une priorité, il ne faudrait pas dépolitiser les sujets.

Mais le dessein de la direction semble tout autre : sous le prétexte de faire de l’environnement une priorité, il ne faudrait pas dépolitiser les sujets. Ce démantèlement idéologique vise ainsi surtout à fusionner l’Eco et le Social, ce dernier service étant depuis longtemps considéré par certains comme un gratte-poil et une anomalie pour les tenants du “ni droite ni gauche”

Penser qu’il y aura du social partout à la fois, c’est autant dire qu’il n’y en aura nulle part.

Que vont devenir les rubriques spécialisées “emploi-chômage”, “travail, salaires”, “les relations du travail” (hors santé, bien-être et formation) et “syndicats” ? Réponse de la direction : elles pourront très bien s’intégrer au sein du pôle “Société” qui traitera… de la jeunesse, de la formation ou encore des droits des femmes. D’autant plus que le nouveau rubricard multitâches traitant de la “vie sociale de l’entreprise” devra également prendre en charge l’activité économique des entreprises. Syndicats et patronat, c’est la même chose après tout ?… Penser qu’il y aura du social partout à la fois, c’est autant dire qu’il n’y en aura nulle part.

Cette nouvelle polyvalence désirée est également une question centrale dans la volonté de créer un desk unique francophone où la copie subira une perte d’expertise notable. La mise en place de cette réforme est d’autant plus compliquée avec des effectifs d’autant plus réduits que les journalistes seront  régulièrement et structurellement appelés en renfort en production.

Le SNJ-CGT réfute cet argumentation purement idéologique de dépolitisation des conflits sociaux, alors que cette thématique n’a jamais été aussi centrale qu’aujourd’hui.

Le SNJ-CGT réfute cet argumentation purement idéologique de dépolitisation des conflits sociaux, alors que cette thématique n’a jamais été aussi centrale qu’aujourd’hui (gilets jaunes, inégalités de territoires, mondialisation contestée, précarité accrue, chômage, conséquences sociales de la crise du Covid…). Au lieu de le supprimer, le Social doit plus que jamais avoir une place centrale à l’AFP et être renforcé plutôt que dilué.

Pourquoi ne pas former un grand pôle Social dans lequel pourrait être intégrées les questions de genre, d’égalité femmes/hommes ou encore de l’actualité des ONG ?

La singularité de l’Agence est ici en jeu et notamment la plus-value que nous apportons, par des compétences et expertises très développées sur des thématiques sociales, un IPTC internationalement reconnu par les agences de presse, parfois difficiles à appréhender pour le grand public. Couverture également  abandonnée par les autres médias qui s’appuient régulièrement sur l’AFP. In fine, ce seront des contrats que perdra l’Agence, sans compter que nous ne remplirons plus notre mission d’intérêt général (MIG).

Ce seront des contrats que perdra l’Agence, sans compter que nous ne remplirons plus notre mission d’intérêt général.

Sans être fondamentalement opposé à une réflexion sur la manière de mieux couvrir certaines thématiques et la réorganisation de certains services, le SNJ-CGT fera tout pour s’opposer à ce démantèlement par l’intérieur de l’ADN de l’Agence. C’est notre indépendance qui est visée, donc le statut sur le fond et non plus seulement sur l’aspect juridique de plus en plus mis à mal ces dernières années par les PDG successifs, dont la seule obsession s’avère être la diminution de la masse salariale et la privatisation de l’AFP.

Paris, le 3 juillet 2020

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