Biélorussie : un acte de terrorisme d’État pour arrêter un journaliste

0  -  Article mis à jour le 10 juin 2021

Communiqué de la FIJ et de la FEJ (traduction)

Le 23 mai, les autorités biélorusses ont forcé un avion civil à effectuer un atterrissage d’urgence à Minsk, la capitale du pays, et ont arrêté le blogueur biélorusse Raman Pratasevich. La Fédération internationale et la Fédération européenne des journalistes (FIJ/FEJ) ont condamné ce qu’elles appellent « un acte de piraterie aérienne et de terrorisme d’État ». Elles demandent sa libération immédiate ainsi que celle de 28 journalistes et acteurs des médias actuellement détenus au Belarus.

Raman Pratasevich, 26 ans, est un blogueur et ancien rédacteur en chef de la chaîne Telegram NEXTA, une chaîne d’opposition populaire, et rédacteur en chef de Belarus of the Brain, une autre chaîne Telegram. Toutes deux ont couvert les manifestations contre l’élection contestée du président biélorusse Alexandre Loukachenko en août 2020. Pratasevich avait fui la Biélorussie en 2019, craignant des poursuites, et vit actuellement à Vilnius, en Lituanie. 

Raman avait travaillé comme journaliste et photographe en Biélorussie et dans des médias internationaux avant de lancer sa propre chaîne Telegram.

L’avion de Ryanair, qui assurait la liaison entre la Grèce et la Lituanie et transportait plus de 100 passagers, a été contraint d’atterrir par un avion militaire biélorusse. Les autorités ont arrêté Pratasevich ainsi que sa compagne, Sofia Sapega, qui voyageait avec lui.

Dans une vidéo diffusée par les chaînes de télévision publiques le 24 mai, Raman Pratasevich a déclaré avoir été arrêté par des fonctionnaires du ministère biélorusse de l’Intérieur à l’aéroport national de Minsk. Il a déclaré qu’il était en bonne santé et qu’il avait joué un rôle dans l’organisation de manifestations de masse à Minsk l’année dernière.

Quelques bleus étaient visibles sur son front.

Le secrétaire général de la FEJ, Ricardo Gutiérrez, a déclaré : « Nous appelons l’Union européenne, le Conseil de l’Europe et l’OSCE à prendre des mesures contre le dictateur Lukashenko et les responsables de la répression de la liberté de la presse et des droits de l’homme. »

Le secrétaire général de la FIJ, Anthony Bellanger, a déclaré : « Nous assistons à l’acte inacceptable de détourner un avion dans le seul but d’arrêter Raman. La vidéo publiée hier illustre une fois de plus jusqu’où le président Loukachenko est prêt à aller pour se venger de ceux qui ont rendu compte des manifestations et de l’opposition à son égard. Nous demandons la libération immédiate de Raman, dont le seul crime est d’avoir exercé sa liberté d’expression. Nous demandons instamment une action forte contre le gouvernement. Si cet acte reste impuni, il met en danger la liberté de tout journaliste ou blogueur que le gouvernement veut qualifier de terroriste. »

Dans une déclaration commune cosignée par plusieurs groupes de défense de la liberté de la presse, l’Association bélarussienne des journalistes (BAJ), affiliée à la FIJ/FEJ, a déclaré :

« Raman Pratasevich est persécuté par les autorités biélorusses dans le contexte d’une profonde crise des droits de l’homme, déclenchée par le lancement de l’élection présidentielle en mai dernier et qui se poursuit à ce jour. Son activité publique n’est rien d’autre que l’exercice pacifique des libertés garanties tant par la Constitution de la République du Bélarus que par le droit international des droits de l’homme (…). Nous considérons que la persécution de Raman Pratasevich est politiquement motivée, car elle est liée à l’exercice pacifique de son opinion, et le détenu est donc un prisonnier politique, conformément au paragraphe 3.1 (a) des Lignes directrices sur la définition des prisonniers politiques. 

Nous demandons aux autorités biélorusses de :

  • libérer immédiatement Raman Pratasevich et abandonner les poursuites pénales dont il fait l’objet ;
  • libérer Sofia Sapega, détenue arbitrairement ;
  • libérer tous les prisonniers politiques et mettre fin à la répression politique dans le pays. » 

Les dirigeants de l’Union européenne, réunis les 24 et 25 mai à Bruxelles, en Belgique, ont fermement condamné la détention de Raman Pratasevich et de Sofia Sapega et ont appelé à de nouvelles sanctions.

Les journalistes et acteurs des médias suivants sont actuellement détenus au Belarus (liste mise à jour, ici) :

1.    Raman Pratasevich

2.    Katsiaryna Andreyeva

3.    Daria Chultsova

4.    Yulia Slutskaya

5.    Alla Sharko

6.    Siarhei Alsheuski

7.    Petr Slutski

8.    Ksenia Lutskina

9.    Andrei Aliaksandrau

10. Dzianis Ivashyn

11. Andrej Pachobut

12. Maryna Zolatava

13. Volha Loika

14. Liudmila Chekina

15. Alena Talkachova

16. Anzhela Asad

17. Iryna Rybalka

18. Ala Lapatka

19. Darya Danilava

20. Maria Novik

21. Aliaksandr Daineka

22. Andrei Audzeyau

23. Katsiaryna Tkachenka (avocate, assignée à résidence)

24. Iryna Kastsiuchenka (avocat, assigné à résidence)

25. Aliaksandr Burakou (affaire administrative)

26. Uladzimer Laptsevich (affaire administrative).

27. Liubou Kaspiarovich (affaire administrative)

28. Arciom Mayorau (affaire administrative)

29. Ales Silich (affaire administrative)

Bruxelles, le 25 mai 2021.

Consulter le site de la FIJ

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