Communiqué de la FIJ
Pour commémorer la Journée Mondiale des droits de l’Homme ce 10 Décembre, la Fédération internationale des journalistes (FIJ) publie les listes des journalistes emprisonnés et tués en 2021. Selon les statistiques de la fédération, 45 journalistes ont été tués depuis le 1er janvier 2021 et 365 sont toujours derrière les barreaux.
Les deux listes de la FIJ – journalistes assassinés et emprisonnés – soulignent l’aggravation de la crise du journalisme, les droits et la liberté des journalistes étant durablement menacés dans de nombreuses régions du monde.
Selon ces listes, 365 journalistes sont toujours emprisonnés au 10 décembre 2021, contre 235 l’année dernière. La Chine (102), la Turquie (34), la Biélorussie (29), l’Érythrée (29), l’Égypte (27), le Vietnam (21), le Myanmar (18), la Russie (12), l’Azerbaïdjan et le Yémen (11), le Cambodge (10) et l’Iran (9) sont les pays qui emprisonnent le plus de journalistes.
L’Asie est en tête de la liste régionale de la FIJ avec 162 journalistes en prison, suivie par l’Europe (87), le Moyen-Orient et le monde arabe (65), l’Afrique (49) et les Amériques (2).
La répression des professionnels des médias dans les régimes autoritaires, notamment les arrestations massives de journalistes au Myanmar, en Biélorussie, en Azerbaïdjan et à Hong Kong, explique le nombre croissant de journalistes derrière les barreaux aujourd’hui.
La liste de la FIJ des journalistes et professionnels des médias tués à ce jour est en baisse par rapport à l’année dernière, avec 45 meurtres enregistrés contre 65 en 2020. Si cette diminution est une bonne nouvelle, elle n’est qu’un maigre réconfort face à la violence continue qui a coûté la vie à des journalistes dans des pays comme l’Afghanistan (9), le Mexique (8), l’Inde (4) et le Pakistan (3).
Une fois encore, l’Asie est en tête du peloton régional avec 20 assassinats, devant les Amériques (9), l’Afrique (8), l’Europe (6), le Moyen-Orient et le monde arabe (1).
La région Asie-Pacifique doit sa première place sur la liste des assassinats à la situation des journalistes en Afghanistan, mise en évidence par la crise de la sécurité dans les médias après le retour au pouvoir des talibans, qui ont fait preuve d’une intolérance avérée à l’égard des reportages indépendants et d’une attitude hostile à la participation des femmes à la vie publique, y compris en tant que journalistes. L’effondrement du gouvernement afghan et le retrait des troupes occidentales ont laissé des milliers de journalistes en quête de sécurité, hors de leur pays, abandonnant ainsi leur carrière et leurs moyens de subsistance.
Ce ne sont pas les seules violations du droit des journalistes à exercer leur profession en toute sécurité et indépendance. La FIJ a dénoncé une nouvelle forme de surveillance de masse des journalistes, Pegasus, un dispositif d’espionnage très avancé qui a été utilisé pour interférer avec les communications de milliers de personnes, dont des professionnels des médias.
Quant à la seule et rare évolution positive pour les journalistes retenue cette année, l’attribution du prix Nobel de la paix 2021 aux deux journalistes Maria Ressa et Dmitry Muratov, elle rappelle les sacrifices qu’ils ont consentis au service de la liberté de la presse et de la démocratie dans leur pays, à l’instar de nombre de leurs collègues dans le monde.
« Le monde doit se réveiller face aux violations croissantes des droits des journalistes et de la liberté des médias à travers le monde », a déclaré le secrétaire général de la FIJ, Anthony Bellanger. »Ces listes de journalistes emprisonnés et de collègues tués sont la preuve évidente d’actes délibérés visant à éradiquer le reportage indépendant. Elles mettent également en évidence la violation du droit fondamental de la population à accéder à des informations exactes, objectives et justes afin de pouvoir s’informer correctement sur les affaires publiques, une condition préalable à une société inclusive et à un véritable gouvernement par consentement. »
La FIJ demande instamment aux Nations unies d’adopter une Convention sur la sécurité des journalistes afin de promouvoir, de protéger et d’assurer la sécurité des professionnels des médias en temps de paix et pendant les conflits armés, et de préserver leur capacité à exercer leur profession de manière libre et indépendante dans un environnement favorable, sans être confrontés au harcèlement, à l’intimidation ou aux attaques contre leur intégrité physique.
Bruxelles, le 8 décembre 2021.
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