Communiqué de la CGT France Télévisions
Le réseau France 3 a donc eu droit lui aussi à des interviews des deux finalistes de l’élection présidentielle. Et c’est bien la seule chose qui intéressait la direction. Elle pouvait claironner : « Nous aussi, on les a eus ! » Et c’est bien là la seule satisfaction car pour le reste, sur le fond comme sur la forme, il y a beaucoup à dire.
En meeting en région PACA vendredi et samedi, Marine Le Pen et Emmanuel Macron ont donc chacun eu droit à un entretien de 10 minutes diffusé simultanément dans tous les JTR du réseau. Deux entretiens faits dans la précipitation, voire dans l’urgence, ce qui a donné un rendu antenne très en deçà des standards habituels que nous proposons chaque jour à nos téléspectateurs.
Comment notre direction peut-elle accepter et engendrer des conditions aussi dégradées pour des séquences qu’elle qualifie d’exclusives et inédites?
Comment notre direction peut-elle accepter et engendrer des conditions aussi dégradées pour des séquences qu’elle qualifie d’exclusives et inédites? Ce n’est pas parce qu’on est le réseau qu’on doit faire des entretiens à la va-vite, entre la poire et le fromage. Ces conditions médiocres étaient déjà identiques en 2017 pour ce même genre d’entretien avec ces mêmes candidats. Comment peut-on répéter deux fois les mêmes erreurs… Comment peut-on montrer une telle image quand beaucoup veulent notre peau !
Et les mêmes erreurs se répètent encore pour la diffusion. Une nouvelle fois, ces longs entretiens de plus de 10 minutes sont programmés pendant les JTR, à la place de l’information régionale habituelle. Pourquoi ne pas ouvrir un décrochage exceptionnel pour cette situation? Cela permettrait également de faire plus de 10 minutes d’interview. Pourquoi ce manque d’ambition ?
Et comment passer à côté de la question essentielle du financement de la télé publique, qui intéresse forcément ceux qui la regardent? Car dans leur programme, ces deux candidats attaquent l’audiovisuel public.
Et comment passer à côté de la question essentielle du financement de la télé publique, qui intéresse forcément ceux qui la regardent? Car dans leur programme, ces deux candidats attaquent l’audiovisuel public. L’une veut le privatiser, l’autre supprimer la redevance sans proposer de mode de financement alternatif. Les candidats ont bien sûr été interrogés sur les thèmes de la vie quotidienne des territoires : le transport, le pouvoir d’achat, l’agriculture… Mais rien, pas un mot sur notre avenir. Pas une question sur notre financement, même quand Emmanuel Macron s’est vanté de vouloir supprimer la redevance ! Privés de JT entier, privés de réponse… bon nombre de salariés ont subi une double peine.
Pourquoi occulter cette question ? Qui aurait trouvé à redire ? Le téléspectateur ? Pourquoi ? Partout ailleurs sur les ondes et les plateaux, les candidats sont interpellés sur ce sujet et ça ne gêne personne.
La Direction de l’Information du Réseau a-t-elle conscience de l’impact d’un tel choix éditorial sur les salariés plus inquiets que jamais ? Comment a-t-elle pu passer à côté ?
La CGT demande à Direction de l’Information du Réseau des explications sur le montage et l’organisation de cette opération. Elle veut aussi comprendre les raisons d’une telle autocensure.
Paris, le 19 avril 2022.
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