Communiqué de la CGT France Télévisions
Les Révélateurs de France Télévisions, vous connaissez ? C’est une «cellule de fact-checking d’images et de vidéos», destinée aux antennes de France Télévisions et présente sur les réseaux sociaux.
Si l’intention est louable, dans les faits, c’est une toute autre affaire. Derrière leurs écrans, ces journalistes de l’ombre traquent à longueur de journée les images amateurs dans le but d’alimenter les éditions. Tout y passe. Même les punaises de lit dans les cinémas! Rien ne leur échappe!
Dans toutes les langues, c’est le même message qui est envoyé: «Bonjour. Je suis journaliste pour FranceTV. Accepteriez-vous que l’on diffuse votre vidéo sur nos antennes en vous créditant? Merci d’avance. Cordialement, Les Révélateurs. »
Même si elle subsiste, nous sommes bien éloignés de la mission première, celle qui consistait à vérifier les images en ligne.
Si la recherche et l’utilisation d’images spectaculaires peut sembler logique de par leur nature même, impossible à reproduire, cela devient plus problématique lorsqu’il s’agit d’un évènement situé à seulement 10 minutes en voiture de France Télévisions. Comme le 28 juillet dernier, lors de cette panne géante gare Montparnasse
Si la recherche et l’utilisation d’images spectaculaires peut sembler logique de par leur nature même, impossible à reproduire, cela devient plus problématique lorsqu’il s’agit d’un évènement situé à seulement 10 minutes en voiture de France Télévisions. Comme le 28 juillet dernier, lors de cette panne géante gare Montparnasse. Un pas est même franchi quand l’un des révélateurs demande à un inconnu: «Accepteriez-vous de filmer une courte vidéo de la cohue dans le hall de la gare? Nous vous remercions. Cordialement, revelateurs@francetv.fr. »
C’est une dérive grave à la déontologie de l’information.
Le bénévolat, voilà donc la nouvelle écriture de nos journaux télévisés. Car avec ces images gratuites, ce sont des sujets entiers qui sont montés et diffusés sur nos antennes. On y trouve par exemple des images amateurs, filmées à la verticale, avec un son catastrophique.
Le bénévolat, voilà donc la nouvelle écriture de nos journaux télévisés. Car avec ces images gratuites, ce sont des sujets entiers qui sont montés et diffusés sur nos antennes. On y trouve par exemple des images amateurs, filmées à la verticale, avec un son catastrophique.
L’utilisation de telles images entame notre légitimité, alors même qu’à longueur d’année nous avertissons des dangers des réseaux sociaux avec son cortège de fake-news. Toutes ces images sont-elles vérifiées, disséquées? Rendent-elles compte avec objectivité d’une situation?
Mais au-delà de ces dérives éditoriales et déontologiques, c’est une économie de personnel qui se cache derrière ces méthodes. Que devient le métier de JRI au milieu de tout ça? Tous au chômage, car remplacés par des bénévoles?
Mais au-delà de ces dérives éditoriales et déontologiques, c’est une économie de personnel qui se cache derrière ces méthodes. Popularisées depuis le Covid, les interviews en « visio » sont devenues monnaie courante sur nos antennes avec les réseaux sociaux comme banques d’images. Que devient le métier de JRI au milieu de tout ça? Tous au chômage, car remplacés par des bénévoles?
Et quid des documentalistes, à qui revenait initialement la fonction de vérifier les sources des images?
Pourtant la page 172 de l’accord d’entreprise de 2013 est très claire: «Dans tous les cas, les journalistes privilégient le recours aux sources professionnelles et doivent rester maitres de la qualité de leurs sujets».
La direction de l’information serait donc bien inspirée de revoir sa copie.
La CGT y veillera.
Paris, le 12 septembre 2023.
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