Radio France: « ICI » aujourd’hui, nulle part demain ?

0  -  Article mis à jour le 8 novembre 2024

Communiqué du SNJ-CGT Radio France

Après 24 années d’existence, c’en est donc fini de «France Bleu», qui commence à être remplacé depuis ce lundi par l’appellation «ICI» dans les 44 stations locales du réseau radiophonique de service public. Un changement de nom tout sauf anodin pour la CGT Radio France, qui alerte depuis des mois sur les implications très inquiétantes de ce coûteux virage marketing, censé s’appliquer également chez nos collègues de France 3.

Nous n’avons eu que des éléments de langage creux, fluctuants et imprécis, dans un calendrier sans cesse mouvant au gré des aléas politiques et des atermoiements et susceptibilités des directions de France Télévisions et de Radio France.

Nous avons interrogé la direction de Radio France à longueur de semaines sur la nature réelle de ce virage stratégique. Pourquoi prendre le risque de détruire une crédibilité et une visibilité que nous avons mis tant d’années et d’efforts à construire? Nous n’avons eu en guise de réponses que des éléments de langage creux, fluctuants et imprécis, dans un calendrier sans cesse mouvant au gré des aléas politiques et des atermoiements et susceptibilités des directions de France Télévisions et de Radio France. Tout respire la communication artificielle, sans ambition réelle et fondée, l’absence de cap, l’impréparation, jusqu’au nom du domaine «ICI.fr» qu’il a fallu racheter à un garagiste du nord de la France, seul véritable bénéficiaire à ce jour de ce changement d’étiquette.

La direction n’a jamais été en mesure de fournir un plan global ou une étude d’impact sur les salarié-es de France Bleu relative à ce profond changement structurel.

La direction n’a jamais été en mesure de fournir un plan global ou une étude d’impact sur les salarié-es de France Bleu relative à ce profond changement structurel qui prépare le terrain à de futurs rapprochements éditoriaux et physiques entre la télé et la radio. La campagne de communication qui se déploie depuis le 4 novembre sur les réseaux sociaux des stations de France Bleu est à l’avenant: coquilles typographiques et couple à la plage – merci d’avoir ramené la mer à Reims, Chambéry ou Clermont-Ferrand – ont fini par être subrepticement remplacés à peine 24 heures après publication.

Comment expliquer la nécessité et l’urgence d’un tel changement de nom?

Au-delà des résultats d’audience fluctuants, la notoriété de France Bleu est sans égale à l’échelon local, aussi bien auprès des simples citoyen-nes que des acteurs associatifs, économiques, politiques, institutionnels ou culturels. Changer de nom ne contribuera en rien à redresser l’audience, mais il s’agit bien là d’une illusoire baguette magique bien plus facile à dégainer que de remettre en question les errements stratégiques éditoriaux, la perte de programmes locaux spécifiques et l’érosion constante des moyens qui ont contribué aux chutes d’audiences cyniquement invoquées aujourd’hui pour justifier la suppression du nom France Bleu. Ce changement d’appellation, sans autre argumentaire que des invocations incantatoires sur le thème de la pseudo-union qui ferait la force, n’a en réalité d’autre justification que de donner des gages d’économies et de restrictions budgétaires à venir à notre tutelle.

Abandonner «France Bleu» pour «ICI» c’est non seulement affaiblir notre visibilité, mais également accepter la perte de notre identité et de notre indépendance.

Abandonner « France Bleu » pour « ICI » c’est non seulement affaiblir notre visibilité, mais également accepter la perte de notre identité et de notre indépendance, tout en préparant dans l’affichage les conditions d’une prochaine dilution du réseau des radios locales, dans une fusion qui ne dit toujours pas son nom mais qui avance inexorablement.

Nous ne sommes pas dupes du cheval de Troie qu’incarne ce changement de nom imposé à feu France Bleu. La CGT Radio France continuera à se battre, avec les camarades de France 3, «ici» et partout pour contrer cette politique de progressive dilution du service public radiophonique de proximité!

Paris, le 7 novembre 2024.

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