Communiqué de la CGT Spectacle
La Fédération CGT Spectacle et ses syndicats luttent contre les violences sexistes et sexuelles qui sévissent dans nos secteurs, d’autant plus que les rapports de pouvoir qui favorisent l’emprise de personnes sur d’autres plus fragiles y sont encore renforcés par une forme d’indulgence pour les artistes créateurs et d’immunité face à des comportements et des actes pourtant intolérables.
La Fédération CGT Spectacle est à l’écoute et soutient les artistes et les technicien·nes qui dénoncent ces violences sexistes et sexuelles subies sur les plateaux de théâtre, dans les orchestres comme sur les plateaux de télévision ou de cinéma.
Alors que les plaintes et dénonciations se multiplient, la Cinémathèque française avait fait le choix de projeter, ce dimanche 15 décembre, Le Dernier Tango à Paris de Bernardo Bertolucci, dans le cadre d’un hommage à Marlon Brando. La comédienne, Maria Schneider, avait dénoncé la scène de viol qu’elle avait endurée durant le tournage.
Alors que les plaintes et dénonciations se multiplient, la Cinémathèque française avait fait le choix de projeter, ce dimanche 15 décembre, Le Dernier Tango à Paris de Bernardo Bertolucci, dans le cadre d’un hommage à Marlon Brando. La comédienne, Maria Schneider, avait dénoncé la scène de viol qu’elle avait endurée durant le tournage, une improvisation de dernière minute imaginée par le réalisateur et l’acteur, sans prévenir la comédienne, pour plus de «crédibilité».
Comme de nombreuses organisations féministes nous avons été profondément choquées de ce choix de programmation sans que rien n’ait été initialement prévu pour accompagner la projection du film, afin de débattre et dénoncer les violences infligées et évoquer le métier de coordinateur·rice d’intimité dont nous favorisons la mise en place. Une table ronde réunissant des personnes compétentes et permettant d’expliquer les conditions de réalisation du film et de dénoncer les violences sexistes et sexuelles et la culture du viol qui minent toute notre société aurait dû être prévue, par la Cinémathèque afin d’assurer une mise en contexte respectueuse du traumatisme subi par Maria Schneider, de témoigner de la prise de conscience à l’œuvre dans nos secteurs depuis les affaires Weinstein, Brisseau, Depardieu, Jacquot ou Doillon.
Comme de nombreuses organisations féministes nous avons été profondément choquées de ce choix de programmation sans que rien n’ait été initialement prévu pour accompagner la projection du film, afin de débattre et dénoncer les violences infligées et évoquer le métier de coordinateur·rice d’intimité dont nous favorisons la mise en place.
Comment aujourd’hui, dans ce contexte, peut-on provoquer les victimes à ce point? Le film projeté contient une scène de sexe non consenti, c’est à dire un viol! La culture du viol qui consiste à minimiser, invisibiliser, banaliser et normaliser les violences est toujours présente dans l’ensemble du secteur culturel. En effet, le secteur musical est aussi dans la tourmente. Les procédures et les médiatisations concernant des orchestres, des conservatoires, des écoles de musique ou encore des maitrises s’accumulent. C’est tout l’écosystème de la musique qui est remis en cause. Nous devons nous interroger sur des dispositifs efficients à mettre en place urgemment afin de sécuriser l’environnement des musiciens et des musiciennes encore beaucoup trop toxique.
Comment aujourd’hui, dans ce contexte, peut-on provoquer les victimes à ce point? Le film projeté contient une scène de sexe non consenti, c’est à dire un viol! En prétendant, dans sa présentation de la projection, que ce film aurait «une odeur de souffre» qui serait le «reflet de la révolution sexuelle vécue en mai 68», la Cinémathèque française participe à l’impunité qui règne!
En prétendant, dans sa présentation de la projection, que ce film aurait «une odeur de souffre» qui serait le «reflet de la révolution sexuelle vécue en mai 68», la Cinémathèque française participe à l’impunité qui règne! Et ça n’est pas la première fois car Frédéric Bonnaud, son directeur, avait déjà défendu une rétrospective Polanski, alors qu’aucun avertissement n’était formulé concernant sa condamnation pour viol sur mineure et les nombreuses accusations pour agressions sexuelles et viols portées contre lui.
Sous la pression, la Cinémathèque a d’abord prévu «un temps d’échange avec le public, à propos des questions que soulève la projection du film», pour le précéder et a fini par le déprogrammer face à la mobilisation et à la polémique qui montaient en puissance. Son communiqué paru samedi 16 décembre indique «… devant les risques sécuritaires encourus la Cinémathèque annule la projection du Dernier Tango à Paris».
Nous exigeons qu’à l’avenir les choix de programmation de la Cinémathèque considèrent enfin dans toute leur gravité les risques encourus par les victimes de violences sexuelles et sexistes, au moment des faits et pendant de longues périodes ensuite, parfois toute une vie.
Nous exigeons qu’à l’avenir les choix de programmation de la Cinémathèque considèrent enfin dans toute leur gravité les risques encourus par les victimes de violences sexuelles et sexistes, au moment des faits et pendant de longues périodes ensuite, parfois toute une vie. Ce dont ne semble pas capable son actuelle direction.
Nous œuvrons pour accompagner les victimes et que les coupables ne bénéficient plus de l’impunité longtemps due au « génie créateur ». Les outils de prévention et les formations doivent être développé·es afin d’empêcher que ces violences continuent. Nous ne pouvons accepter qu’un tel mépris soit affiché envers les victimes.
Vous avez été victime ou témoin de violences et harcèlement sexistes et sexuels ? N’hésitez pas à contacter la cellule gérée par le groupe Audiens au 01.87.20.30.90 du lundi au vendredi, de 9h à 13h et de 14h à 18h ou par mail à tout moment: violences-sexuelles-culture@audiens.org
Paris, le 16 décembre 2024.
Télécharger le communiqué en PDF