Prise de parole intersyndicale
Photo Bapoushoo
Ce texte est la prise de parole commune des syndicats SNJ, SNJ-CGT et CFDT-Journalistes lors de l’hommage aux victimes de l’attentat de Charlie Hebdo du 7 janvier 2015, qu’ils ont organisé ce 7 janvier 2025, rue Nicolas-Appert, à Paris, devant les anciens locaux du journal.
C’était il y a dix ans. Mais nous avons l’impression que c’était hier. La peur, l’incrédulité, la colère, l’incompréhension… toutes ces émotions face à l’inimaginable: un journal fusillé. Une rédaction visée par une barbarie aveugle. Un attentat qui s’en est pris au cœur de la démocratie: la liberté d’expression.
Il y a dix ans, douze hommes et femmes ont été tués. Pour huit d’entre eux, simplement parce qu’ils exerçaient leur métier: journalistes. Avec eux, des policiers qui faisaient le leur: protéger.
Ce 7 janvier 2015, notre profession, comme la France entière, a été bouleversée. Il y a dix ans, malgré la douleur et la colère, une immense vague de solidarité, un élan de soutien sans précédent est né.
Ce 7 janvier 2015, notre profession, comme la France entière, a été bouleversée.
Il y a dix ans, malgré la douleur et la colère, une immense vague de solidarité, un élan de soutien sans précédent est né. « Je suis Charlie » est devenu universel. Affiché dans les marches républicaines du 11 janvier. Déposé près des bougies pour ne pas oublier. Revendiqué comme une nouvelle identité sur des réseaux sociaux encore fréquentables. La caricature ne faisait plus débat, ni polémique.
Dix ans plus tard, que reste-t-il de cette journée? Les « je suis Charlie » sont trop souvent désormais prolongés par un « mais » limitant une liberté d’expression, pilier de la démocratie.
Dix ans après, nous sommes réunis en mémoire de nos collègues disparus, à quelques mètres de l’ancienne rédaction de Charlie Hebdo.
Nous sommes aussi rassemblés pour rappeler notre engagement pour la liberté d’expression. Une liberté encore et toujours en danger. Les « Je suis Charlie, mais » en sont une preuve: le combat doit être mené tous les jours par nos stylos, crayons, micros, caméras et clavier car rien n’est acquis.
Depuis dix ans, on ne compte plus les menaces contre les journalistes, les insultes se banalisent, les procédures se multiplient, dont de graves tentatives d’atteinte au secret des sources, les réactions deviennent de plus en plus violentes…
Depuis dix ans, on ne compte plus les menaces contre les journalistes, les insultes se banalisent, les procédures se multiplient, dont de graves tentatives d’atteinte au secret des sources, les réactions deviennent de plus en plus violentes… La liberté d’expression est à géométrie variable. D’après les chiffres de la commission de la carte, on ne compte désormais plus que 34 dessinateurs de presse en France qui, aujourd’hui, réfléchissent avant de dessiner sur certains thèmes.
Les réseaux sociaux sont aussi devenus des terrains de jeu pour ceux qui menacent et cherchent à manipuler l’information, voire à la faire disparaître. Protéger la présence des journalistes sur ces réseaux est devenu un nouveau combat.
Le métier de journaliste est plus que jamais essentiel. Nous devons garder notre liberté d’informer, rester les défenseurs de cette liberté d’expression. Nous avons le devoir d’informer, de questionner, de décrypter, de confronter, de donner à réfléchir… Il est important de rappeler que les dessinateurs de presse sont des journalistes et qu’il n’y a pas de liberté de la presse sans salaire digne.
Dans ce contexte, le métier de journaliste est plus que jamais essentiel. Nous devons garder notre liberté d’informer, rester les défenseurs de cette liberté d’expression. Nous avons le devoir d’informer, de questionner, de décrypter, de confronter, de donner à réfléchir… Il est important de rappeler que les dessinateurs de presse sont des journalistes et qu’il n’y a pas de liberté de la presse sans salaire digne.
Ces combats, nous ne pouvons pas les mener seuls. Il nous faut le soutien de celles et ceux qui croient en une information libre et indépendante, en une liberté d’expression totale.
C’est tous ensemble que nous devons défendre la liberté d’expression. Elle est le pilier de notre démocratie.
Frédéric Boisseau, Cabu, Charb, Honoré, Tignous, Wolinski, Elsa Cayat, Bernard Maris, Mustapha Ourrad, Franck Brinsolaro, Michel Renaud, Ahmed Merabet.
Nous ne vous oublions pas. Nous étions Charlie, nous sommes toujours Charlie.
Paris, le 7 janvier 2025.