AFP: faire avec toujours moins? Non merci!

0  -  Article mis à jour le 16 juillet 2025

Communiqué du SNJ-CGT de l’AFP

L’annonce était redoutée, la voilà: pour redresser les comptes de l’Agence et faire face aux conséquences de ses propres échecs, la direction va lui infliger, nous infliger, un double choc, social et éditorial.

Le plan d’économies, dévoilé par la direction vendredi matin aux organisations syndicales, est malheureusement à la hauteur des temps rudes qu’elle nous annonçait: une saignée dans les effectifs et un nouveau coup porté à l’expatriation.

Jusqu’à 70 départs en retraite non remplacés sont « espérés » d’ici l’année prochaine! Ils toucheront majoritairement la rédaction. L’économie est évaluée à 5 millions d’euros en année pleine pour un coût de 2 à 2,5 millions.

La direction a sorti du chapeau la carte du guichet « départs » pour les retraitables qui seraient incités à plier bagage avec une « bonification » de l’indemnité existante, nécessitant au passage de trouver des fonds dont l’AFP ne dispose pas.

Jusqu’à 70 départs en retraite non remplacés sont « espérés » d’ici l’année prochaine! Ils toucheront majoritairement la rédaction. L’économie est évaluée à 5 millions d’euros en année pleine pour un coût de 2 à 2,5 millions.

Dans les tuyaux depuis de longs mois, le coup de grâce après des années d’attrition pourrait être donné à l’expatriation, ADN de l’AFP, avec 3 millions d’économies prévus via le « gel », dès cet été, d’affichages de postes expat (sans aucune précision desquels) et la
régression sociale des localisations qui repart de plus belle.

La direction annonce un big bang rédactionnel avec une mutualisation accélérée des astreintes entre bureaux à l’étranger, moins de reportages, de papiers d’angles, même de PG (« papiers généraux »)remplacés par des questions-réponses, sans parler d’usages accrus de l’IA ou de traductions éventuellement laissées au soin des clients…

Enfin, l’annonce d’un big bang rédactionnel avec une mutualisation accélérée des astreintes entre bureaux à l’étranger (Washington et Montréal, La Haye et Bruxelles…), moins de reportages, de papiers d’angles, même de PG (« papiers généraux ») remplacés par des questions-réponses, sans parler d’usages accrus de l’IA ou de traductions éventuellement laissées au soin des clients…

Le SNJ-CGT le martèle: toute réduction de moyens, réorganisations à la hussarde, réductions de voilure affecte la qualité de notre production. Elle occasionne en outre des souffrances supplémentaires dans les bureaux et services à travers le monde alors que celles-ci sont déjà légion comme le prouvent la multiplication des cas de burn-out ou harcèlement, et les résultats du récent sondage sur la polarisation en attendant celui de l’audit du cabinet Sextant sur la santé et les conditions de travail à l’agence.

Faire mieux avec toujours moins est impossible!

Prôner « un journalisme ancré sur le terrain, soutenu par un solide réseau de sources » comme le répète à l’envi la direction, avec toujours moins de journalistes est un non-sens. Se fier à l’IA pour éditer une dépêche, une facilité mortifère. Penser qu’une traduction littérale équivaut à la mise en perspective qu’opèrent les journalistes en fonction de leur langue et de leur culture, une erreur coupable.

Prôner « un journalisme ancré sur le terrain, soutenu par un solide réseau de sources » comme le répète à l’envi la direction, avec toujours moins de journalistes est un non-sens. Se fier à l’IA pour éditer une dépêche, une facilité mortifère. Penser qu’une traduction littérale équivaut à la mise en perspective qu’opèrent les journalistes en fonction de leur langue et de leur culture, une erreur coupable.

Nos concurrents pourront en témoigner : AP et Reuters ont-ils mieux tenu le choc que nous après avoir taillé à la hache dans leurs effectifs? Tous ceux de leurs salariés qui nous ont rejoint ces dernières années savent que non!

Dans ses prévisions de recettes commerciales, comme de nouveaux contrats type Mistral, la direction a lourdement péché par optimisme. En misant gros sur les géants de la tech, elle nous a mis à la merci de multinationales qui n’ont aucun intérêt à investir dans un journalisme de qualité. En voulant coûte que coûte épouser la stratégie de l’IA, elle va compromettre durablement une expertise humaine construite au fil des années.

Si la direction a échoué à éviter la crise, pourquoi serait-elle qualifiée pour la résoudre? Tout le monde doit rendre des comptes, pas question que ce soit une nouvelle fois aux salariés et surtout aux plus précaires, les pigistes, les CDD, les locaux de payer les pots cassés!

Pas question de valider l’agonie d’une certaine idée de ce que doit être notre mission d’intérêt général: une information fiable, rapide, diversifiée, éclairant la marche du monde, par-delà les intérêts économiques et les modes de consommation.

Pas question de valider l’agonie d’une certaine idée de ce que doit être notre mission d’intérêt général: une information fiable, rapide, diversifiée, éclairant la marche du monde, par-delà les intérêts économiques et les modes de consommation.

Alors qu’Emmanuel Macron vient d’annoncer 6,5 milliards d’euros supplémentaires sur deux ans pour la défense, les caisses de l’Etat sont-elles aussi vides que certains feignent de croire? Quand dans le même temps les autorités françaises nous parlent de la nécessaire lutte contre la « guerre informationnelle » russe, est-il si difficile de décrocher 0,001% de ce montant?

Le SNJ-CGT appelle à la mobilisation de tous et exige de la direction qu’elle obtienne l’aide de l’Etat français pour soutenir l’une des trois plus importantes agences de presse au monde, la première francophone!

Paris, le 15 juillet 2025.

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