Communiqué du SNJ-CGT
À l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination des violences à l’égard des femmes, le SNJ-CGT rappelle une réalité trop souvent passée sous silence: les violences sexistes et sexuelles (VSS) touchent aussi le monde du journalisme. Loin d’être un espace protégé, nos rédactions reflètent les mêmes mécanismes de domination, d’impunité et de déni que l’ensemble du monde du travail.
80% des femmes disent avoir été victimes de sexisme au travail, 30 % déclarent avoir subi du harcèlement sexuel, et dix viols ou tentatives de viol ont lieu chaque jour en France sur un lieu de travail.
80% des femmes disent avoir été victimes de sexisme au travail, 30 % déclarent avoir subi du harcèlement sexuel, et dix viols ou tentatives de viol ont lieu chaque jour en France sur un lieu de travail. Dans 70% des cas, les victimes n’en parlent pas à leur hiérarchie. Et quand elles le font, 40% estiment que le règlement leur a été défavorable : mutation, « placardisation », licenciement…
Selon une enquête récente menée par la Fédération européenne des journalistes (FEJ), à laquelle ont répondu 859 journalistes dont 499 femmes dans 17 pays, 61% des femmes journalistes font état d’agressions verbales, 36% de discrimination et 22% de comportements sexuels transgressifs.
Selon une enquête de la Fédération européenne des journalistes, 61% des femmes journalistes font état d’agressions verbales, 36% de discrimination et 22% de comportements sexuels transgressifs.
L’affaire récente survenue à L’Est Républicain illustre tragiquement ces chiffres. Une journaliste précaire a dénoncé des agressions sexuelles de la part d’un collègue (lire ici). Malgré ses alertes répétées, l’entreprise n’a pris que des sanctions symboliques : une brève suspension, puis le retour de l’agresseur. Ce n’est qu’après une plainte déposée en 2024 par la journaliste que la justice a condamné, en août 2025, le journaliste pour agression sexuelle. Ce silence hiérarchique, cette absence de protection et cette banalisation des faits témoignent d’un système qui protège les auteurs et fragilise les victimes, en particulier les plus précaires.
L’affaire récente survenue à L’Est Républicain illustre tragiquement ces chiffres. Pourtant, ces violences ne sont pas une fatalité. Le SNJ-CGT exige la mise en place de véritables dispositifs de prévention et de traitement des VSS dans toutes les entreprises de presse.
Pourtant, ces violences ne sont pas une fatalité. Le SNJ-CGT agit pour que les rédactions deviennent des lieux sûrs, où la parole des victimes est entendue et respectée. Nous exigeons la mise en place de véritables dispositifs de prévention et de traitement des VSS dans toutes les entreprises de presse: désignation de référentes indépendantes et référents indépendants, formation des encadrantes et encadrants, accompagnement juridique et psychologique des victimes…
Avec la CGT et des associations féministes, nous appelons à l’adoption d’une loi-cadre contre les violences faites aux femmes au travail et dans la vie. Cette loi doit s’appuyer sur la Convention 190 de l’Organisation internationale du travail (OIT), obtenue grâce à la mobilisation syndicale internationale, et encore trop peu appliquée en France.
Le SNJ-CGT revendique:
- Des sanctions pour les entreprises qui ne respectent pas leurs obligations de prévention et l’obligation de négocier sur les VSS;
- La création de référentes et référents «violences», indépendantes et indépendants de la direction, dont la désignation reviendrait aux représentantes et représentants du personnel;
- Une sensibilisation obligatoire de toutes les salariées et tous les salariés et une formation systématique des managers, responsables ressources humaines, encadrantes et encadrants;
- La protection effective des victimes, la reconnaissance automatique en accident du travail ou maladie professionnelle et la prise en charge intégrale des frais de justice;
- Le renforcement des pouvoirs des inspecteurs et médecins du travail;
- Et l’application intégrale en France de la Convention 190 de l’OIT.
Défendre la liberté de la presse, c’est aussi garantir la liberté et la sécurité de celles et ceux qui la font vivre.
Les rédactions doivent être exemplaires. Défendre la liberté de la presse, c’est aussi garantir la liberté et la sécurité de celles et ceux qui la font vivre. Tant que des journalistes seront agressées, réduites au silence ou contraintes de quitter la profession, notre liberté de la presse sera fragilisée.
Pour ce 25 novembre, journée de lutte et de solidarité, le SNJ-CGT appelle l’ensemble des journalistes, des salariées et salariés des médias à faire front commun contre les violences sexistes et sexuelles, à exiger la vérité, la justice et des actes.
Parce qu’aucune liberté de la presse n’existe sans égalité et sans sécurité pour les femmes.
Montreuil, le 12 novembre 2025.
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