Communiqué RSF, SNJ, SNJ-CGT, SNME-CFDT, SGJ-FO et SDJ de « Challenges », « La Recherche » et « Sciences et Avenir »
Alors que la finalisation de la vente du magazine Challenges, aujourd’hui détenu par l’industriel français Claude Perdriel, au groupe de luxe LVMH – déjà actionnaire de plusieurs titres économiques – est annoncée pour la fin du mois de décembre 2025, Reporters sans frontières (RSF), le Syndicat national des journalistes (SNJ), le SNME-CFDT et le SNJ-CGT saisissent le Tribunal administratif de Paris et l’Autorité de la concurrence. L’objectif? Demander à l’État de mettre en œuvre le contrôle de cette concentration sur le plan du pluralisme et de l’indépendance éditoriale et dénoncer un abus de position dominante de LVMH sur le marché de la presse économique et financière.
Alors que Bernard Arnault, à la tête du groupe de luxe LVMH, est déjà actionnaire du seul quotidien économique et financier (Les Echos), l’acquisition de Challenges, principal hebdomadaire économique et financier – qui viendra s’ajouter au portefeuille de titres déjà détenus sur ce marché – lui permettra d’avoir une mainmise sur l’ensemble des principaux titres économiques du pays.
Cette concentration risque de limiter le droit à l’information fiable, pluraliste et indépendante des citoyens.
Cette concentration risque, par conséquent, de limiter le pluralisme externe des médias – à savoir la diversité de l’offre médiatique sur une thématique – et, in fine, le droit à l’information fiable, pluraliste et indépendante des citoyens. Ce droit est affirmé dans le règlement européen sur la liberté des médias (EMFA) entré en application en août dernier. Ce risque est d’autant plus important que Bernard Arnault a énoncé sa volonté de remettre en cause les garanties d’indépendance de la rédaction et de modifier la ligne éditoriale de Challenges, ce qu’ont dénoncé RSF, les syndicats de journalistes, les élus du personnel et la Société des journalistes de Challenges.
Dans ce contexte, RSF et le SNJ ont déposé une requête d’urgence devant le Tribunal administratif de Paris afin que la France mette en œuvre le contrôle des concentrations sur le plan du pluralisme et de l’indépendance éditoriale prévu par l’article 22 du règlement européen. En parallèle, le SNJ, le SNME-CFDT et le SNJ-CGT ont saisi l’Autorité de la concurrence afin qu’elle se prononce sur l’abus de position dominante du groupe LVMH résultant de la présente opération.
Dans ce contexte, RSF et le SNJ ont déposé une requête d’urgence devant le Tribunal administratif de Paris afin que la France mette en œuvre le contrôle des concentrations sur le plan du pluralisme et de l’indépendance éditoriale prévu par l’article 22 du règlement européen. En parallèle, le SNJ, le SNME-CFDT et le SNJ-CGT ont saisi l’Autorité de la concurrence afin qu’elle se prononce sur l’abus de position dominante du groupe LVMH résultant de la présente opération.
RSF, le SNJ, le SNME-CFDT et le SNJ-CGT réaffirment enfin leur plein soutien aux salariés de Sciences et Avenir et La Recherche, revues scientifiques de référence, également cédées par Claude Perdriel à LVMH et inquiètes pour leur avenir et leur indépendance.
Le SNJ, le SNME-CFDT et le SNJ-CGT déclarent: « La défense de la liberté de la presse et du pluralisme, tout comme la lutte contre la concentration des médias, sont essentielles pour nos organisations. Nous apportons notre soutien aux salariés et aux élus des éditions Croque Futur (qui regroupe Challenges, Sciences et Avenir et La Recherche), et nous espérons que les actions menées, notamment avec Reporters sans frontières, permettront d’obtenir au plus vite la mise en application de mesures visant à préserver l’indépendance des rédactions. La charte appliquée actuellement à Challenges apporte des garanties essentielles à ses journalistes et sa remise en question nous préoccupe fortement. C’est pourquoi nos syndicats ont décidé d’utiliser tous les leviers possibles pour défendre une information libre, indépendante et pluraliste. »
« La défense de la liberté de la presse et du pluralisme, tout comme la lutte contre la concentration des médias, sont essentielles pour nos organisations. »
SNJ, SNME-CFDT, SNJ-CGT
Reporters sans frontières déclare: « La vente de Challenges au groupe de luxe LVMH, qui possède 75 entreprises réparties en six secteurs d’activité, dont une bonne partie de la presse économique et financière française, est un cas d’école en matière de manquements de l’État français à mettre en œuvre des dispositions claires sur la concentration des médias en France. Nous le répétons: l’indépendance et le pluralisme ne sont pas à vendre. La légalité de la vente doit être parfaitement assurée avant que celle-ci ne soit scellée. La transposition législative du règlement européen sur la liberté des médias ne se fait que trop attendre: le gouvernement français doit prendre acte des problèmes latents d’indépendance éditoriale et de concentration des médias.”
« La vente de Challenges au groupe de luxe LVMH est un cas d’école en matière de manquements de l’État français à mettre en œuvre des dispositions claires sur la concentration des médias en France. »
RSF
Les SDJ de Challenges et Sciences et Avenir / La Recherche, ainsi que les élus du CSE des trois titres déclarent: « Nous espérons que les actions menées par RSF et les syndicats de journalistes feront prendre conscience aux pouvoirs publics et aux acteurs concernés de la nécessité de préserver le pluralisme des médias. Ce dernier passe notamment par le maintien à Challenges des garanties d’indépendance déjà acquises comme sa charte et l’obtention de telles garanties à Sciences et Avenir / La Recherche. »
« Nous espérons que les actions menées par RSF et les syndicats de journalistes feront prendre conscience aux pouvoirs publics et aux acteurs concernés de la nécessité de préserver le pluralisme des médias. »
Les SDJ de Challenges et Sciences et Avenir / La Recherche
Si le règlement européen sur la liberté des médias (EMFA), entré pleinement en application le 8 août 2025, présente des avancées majeures en prévoyant des garanties pour préserver l’indépendance éditoriale des rédactions et pour limiter les risques d’atteinte au pluralisme en raison de la concentration des médias en Europe, il n’est aujourd’hui pas appliqué au niveau national. Cela présente des risques importants dans le cas particulier du rachat du magazine hebdomadaire économique Challenges par le groupe de luxe LVMH. Une vente bientôt scellée, malgré le refus de la part de LVMH de signer la charte préservant l’indépendance et la ligne éditoriale du magazine économique.
La France, 25e au Classement mondial de la liberté de la presse, est régulièrement pointée du doigt en matière de concentration des médias sans garantie suffisante d’indépendance des rédactions.