Les femmes journalistes victimes de violence sexiste : un constat alarmant

0  -  Article mis à jour le 11 décembre 2017

Près de la moitié des 400 consœurs journalistes qui ont répondu à l’enquête de la FIJ sur la violence au travail ont dû faire face à des actes de violence.

L’enquête publiée par la Fédération internationale des journalistes (FIJ) le 25 novembre confirme une tendance exprimée depuis plusieurs années dans la profession et relayée avec plus de véhémence récemment grâce à l’éclatement de l’affaire Weinstein. Les femmes journalistes sont très souvent prises pour cible, à la fois pour ce qu’elles écrivent, mais également parce qu’elles sont des femmes. Près d’une répondante sur deux indique avoir subi des violences sexistes au travail, qui prennent la forme de remarques sexistes (63 %), violences psychologiques (41 %) et harcèlement sexuel (37 %). Quant au cyberharcèlement, il touche 44 % des répondantes.

Alors que les auteurs de ces violences sont d’abord des personnes extérieures au lieu de travail (45 %) (sources, politiciens, lecteurs et auditeurs), 39 % sont des anonymes, 38 % sont des patrons de presse ou des supérieurs hiérarchiques, tandis que 17 % sont des collègues.

Porter plainte ? Les deux tiers des répondantes déclarent ne pas avoir franchi cette étape. Et parmi celles qui se sont plaintes, 85 % estiment qu’aucune mesure adéquate n’a été prise. Seules 12 % se disent satisfaites du résultat.

Enfin, l’enquête révèle que seules 26 % des entreprises de presse bénéficient d’une politique couvrant la violence sexiste et le harcèlement sexuel au travail.

Que faire ?

Face à ce phénomène, il s’agit de prendre conscience des effets de la violence sexiste. Le Dart Center, organisme britannique qui propose un soutien psychologique et des formations aux journalistes confrontés aux actes de violence et de guerre, indique que les conséquences du harcèlement sont généralement l’évitement, le déni ou le départ de la profession. Rarement une confrontation avec l’agresseur.

Il faut aussi mettre en place de réelles politiques pour endiguer la violence au travail et instaurer une culture de l’égalité femme-hommes dans les rédactions. Dans son étude publiée cette année et intitulée « Safe at home, safe at work » la Confédération européenne des syndicats (CES) compile les actions syndicales menées en Europe contre la violence au travail. Elle recense plus de 160 conventions collectives couvrant les formes multiples de harcèlement et de violence auxquelles les femmes sont confrontées.

La FIJ publiera prochainement le deuxième volet de son enquête sur la violence envers les femmes journalistes en s’intéressant aux actions menées par ses affiliés pour endiguer ce phénomène. L’occasion d’apporter des réponses concrètes aux effets paralysants du sexisme dans la profession.

Pamela Morinière

Voir l’article sur le site de la FIJ

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