La présentation en grande pompe des grandes lignes du projet de réforme de l’audiovisuel public est-elle à la hauteur des enjeux ? On peut en douter tant le flou demeure sur des questions aussi essentielles que le financement, le niveau de l’emploi, la réalité des rapprochements inter-sociétés, la capacité à tripler les programmes régionaux d’ici 2022, le maintien d’un maillage territorial pertinent.
Huit mois après les déclarations fracassantes de M. Macron stigmatisant un audiovisuel public honte de la république, après les multiples réunions de multiples commissions, la ministre nous annonce la constitution d’une nouvelle commission…
Mais chacun comprend bien que le principal objectif, totalement occulté lors de cette présentation, est de faire subir au service public une cure d’amaigrissement de grande ampleur.
Premières victimes, France 4, basculée sur le Web avec toutes les conséquences négatives sur la filière de l’animation, France Ô dont le sort est bizarrement remis entre les mains des citoyens et des politiques ultramarins mais aussi la dimension nationale de France 3 que l’on sent de plus en plus menacée. Bref une réduction du périmètre du bouquet public que n’avait encore pas osé le pouvoir politique et que dénonce la CGT.
Pour la CGT, la question de la place du service public dans la révolution numérique est capitale. FTV doit investir massivement dans ce secteur pour ne pas risquer le décalage avec les usages et retrouver les publics enfuis, en particulier les jeunes. Mais cela ne doit pas se faire au détriment de notre offre de télévision linéaire, qui n’a pas à rougir, bien au contraire, puisqu’elle garantit pour nombre de nos téléspectateurs, un lien essentiel avec des programmes de qualité.
La CGT estime que l’effort d’investissement dans le numérique, à hauteur de 150 M€ pour tout l’audiovisuel public à l’horizon 2022 va dans le bon sens mais reste insuffisant. Et surtout, à défaut d’abondement budgétaire et de refonte du modèle économique, il risque de s’ajouter aux économies qui seront exigées dans le cadre du CAP 2022, dont le chiffrage n’a pas été dévoilé. Faire beaucoup plus avec beaucoup moins n’est pas une perspective raisonnable.
La CGT milite pour la refonte du modèle économique de l’audiovisuel public, la réforme de la redevance qui continue à porter sur la détention d’un téléviseur à l’heure des tablettes et des smartphones, la réforme des décrets Tasca qui privent les chaines publiques de tout droit de propriété sur les programmes qu’elles financent très majoritairement, la réforme de son domaine commercial pour tirer des ressources additionnelles afin de financer ses développements.
Cette équation économique va frapper une entreprise déjà « à l’os », malmenée par des réorganisations successives. Les efforts de
gestion ont été faits dans tous les secteurs avec les conséquences dramatiques sur l’emploi et les conditions de travail des personnels en poste que l’on constate. Et ce n’est pas la perspective de la généralisation des polyvalences et le non-remplacement des départs en retraite qui pourra garantir le maintien d’une offre de qualité et un combat efficace contre les fausses informations et pour l’enrichissement de nos contenus. La CGT continuera son combat pour le respect de nos accords collectifs si laborieusement négociés et pour un audiovisuel fort.
Paris, le 4 juin 2018
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COMMUNIQUÉ de PRESSE
Audiovisuel public : le gouvernement ouvre un nouveau front !
Après des propos indignes de Macron, stigmatisant l’audiovisuel public, la ministre de la Culture vient d’annoncer ses « ambitions » pour le développement des entreprises que sont France Télévisions, Radio France, l’Institut National de l’Audiovisuel, France Média Monde et Arte.
Le gouvernement prétend, une fois de plus, agir pour le bien du service public mais il commence par en réduire les moyens. Il veut baisser le nombre de chaînes en supprimant la diffusion sur la TNT de France 4, seule chaîne publique à destination des enfants, mettant au passage en danger la filière française du film d’animation.
Il annonce pourtant une volonté de rajeunir le public et de développer l’offre !
Dans la même confusion entretenue, il est annoncé un accroissement du nombre d’heures de programme sur France 3 mais en s’appuyant sur des fusions entre France 3 et les radios France Bleu. Une nouvelle mission impossible : faire trois fois plus avec deux fois moins.
France Ô pour les outremers est également dans le collimateur, au mépris de son public.
L’audiovisuel public a, par ailleurs, une fonction majeure dans la diversité du cinéma et des programmes audiovisuels en face des grands groupes privés de plus en plus concentrés.
Bref, le gouvernement affiche de grandes intentions qui sont aussitôt contredites. Confirmant les fuites dans la presse d’un plan de destruction du ministère de la culture via Action publique 2022, il prépare en réalité une saignée sans précédent dans le budget : certains chiffres évoquent 15% de coupes ! Elles se traduiraient par un plan social avec des milliers de suppressions de postes et l’abandon de missions essentielles.
Des batailles ont déjà porté sur les missions et moyens du service public. Elles vont continuer. On se rappelle les mouvements à France TV et la grève historique de près d’un mois à Radio France en 2015 contre un plan de rigueur porté par un fringant PDG désormais condamné pour abus de bien social.
50 ans après mai 68, la revendication d’une totale indépendance par rapport au pouvoir est toujours actuelle face à la centralisation en cours à l’Élysée.
La CGT revendique, avec les syndicats de salariés des entreprises de l’audiovisuel public et avec le public de ces médias, un plan clair : l’audiovisuel doit être renforcé, ses ressources doivent être pérennes, la qualité du travail et l’emploi doivent être réaffirmés comme des priorités, l’indépendance de l’information doit être encouragée et garantie, la diversité des programmes doit être au rendez-vous en direction de tous les publics !
Montreuil, le 5 juin 2018
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