“Le Parisien” : ce n’est pas aux précaires de payer la rénovation éditoriale !

0  -  Article mis à jour le 18 juin 2020

Communiqué du SNJ-CGT et du SGLCE-CGT du “Parisien”

Lors du CSE extraordinaire du 16 juin 2020, la direction du Parisien a présenté son nouveau projet éditorial, baptisé #LeParisien200000, en référence à l’un des objectifs qu’il vise : 200 000 abonnés numériques dans cinq ans.

Le SNJ-CGT et le SGLCE-CGT prennent acte de ce nouveau projet éditorial, pensé comme une réponse radicale aux enjeux qui se posent à la presse quotidienne, notamment la poursuite de la transformation numérique. C’est un chamboulement profond du Parisien qui nous est présenté, avec la disparition des éditions départementales, au profit d’un cahier régional unique. Avec, en parallèle, la fermeture de quatre bureaux départementaux (Mantes, Melun, Compiègne et Beauvais). Pour tous les salariés, l’émotion, voire le choc, est indéniable et les doutes nombreux  sur la viabilité de cet énième chantier appelé à transformer profondément l’identité de notre journal .

Quid de la pagination de cette grande édition régionale ? Quid de la charge de travail, des rotations le week-end avec des rédactions réduites à cinq journalistes et deux chefs ?

L’ensemble du nouveau projet n’est pas inintéressant et certaines propositions peuvent faire sens, notamment celles qui maintiennent le terrain au cœur du métier. Néanmoins, il y a de gros angles morts. Nos syndicats espèrent que la direction de la rédaction se montrera à l’écoute des salariés et de leurs représentants pour en discuter avec eux et faire évoluer certains aspects. Car de trop nombreuses questions demeurent. Quid de la pagination de cette grande édition régionale ? Quid de la charge de travail, des rotations le week-end avec des rédactions réduites à cinq journalistes et deux chefs ? Quid de la poursuite de la couverture  de l’information locale et de l’articulation avec les cellules ? Quant à la création de ces nouvelles cellules et des éventuels redéploiements, c’est le volontariat, et non la contrainte, qui doit animer les mobilités internes.

Parmi les zones d’ombre, il y a l’absence d’investissement réel dans les métiers qui apportent une plus-value qualitative aux publications, notamment la correction, l’iconographie et l’imagerie.

Parmi les autres zones d’ombre, il y a aussi l’absence d’investissement réel dans les métiers qui apportent une plus-value qualitative aux publications, notamment la correction, l’iconographie et l’imagerie, qui nous semblent indispensables pour construire une offre éditoriale numérique de haute tenue, et ce, d’autant plus que la direction envisage de faire payer plus de 40 % des contenus Web. Les lecteurs du site ne sont pas moins exigeants que ceux du papier et l’on ne parviendra pas à créer de l’abonnement sans proposer un produit de grande qualité. Les rares titres de la presse parisienne qui ont réussi leur transition 2.0 en témoignent !

Si nos deux syndicats ont toujours été prêts à discuter d’un nouveau projet éditorial et s’ils sont conscients des enjeux que pose aujourd’hui la crise de la vente au numéro, ils refusent que ces évolutions se fassent au détriment des conditions de travail et de l’emploi. Aussi nous ne comprenons-nous pas pourquoi la direction a décidé de conditionner son nouveau projet éditorial à un plan d’économies dont elle sait pertinemment qu’il rencontrera les résistances légitimes qu’il appelle.

Trente suppressions de postes : seize CDD supprimés et quatorze départs volontaires non remplacés, avec, notamment, une incitation des seniors à prendre la porte de sortie. Voilà le traitement de choc que la direction voudrait administrer !

Trente suppressions de postes : seize CDD supprimés et quatorze départs volontaires non remplacés, avec, notamment, une incitation des seniors à prendre la porte de sortie. Voilà le traitement de choc que la direction voudrait administrer ! Un plan d’économies qui repose essentiellement sur le dos des plus précaires : les CDD et les journalistes rémunérés à la pige, qui, pour certains, vont voir leur volume d’activité disparaître ou être considérablement réduit. Ce n’est pas acceptable ! Au-delà des salariés concernés, qui vont se retrouver sans perspectives dans quelques semaines, à part Pôle emploi, ces suppressions de postes posent un problème fondamental : celui des conditions de travail. Puisqu’ils ne seront pas remplacés, leur départ affectera fortement les services où ils travaillaient et cela, nous ne pouvons le tolérer, a fortiori dans une rédaction déjà largement en tensions.

Le SNJ-CGT et le SGLCE-CGT demandent à la direction de retirer le volet « suppression de postes » de son nouveau projet éditorial et attendent de la direction de la rédaction une écoute attentive des propositions qu’ils pourront être amenés à faire dans les prochaines semaines pour enrichir le projet présenté.

Grenelle, le 16 juin 2020

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