Michel Barre, journaliste et syndicaliste de conviction, vient de nous quitter

1  -  Article mis à jour le 28 juin 2021

Photo : Michel Barre (à gauche) en 2012, au congrès du SNJ-CGT de France Télévisions.

Communiqué du SNJ-CGT

Ancien secrétaire général du SNJ-CGT de France3, journaliste ayant effectué toute sa carrière à FR3 puis à France3, Michel Barre vient de décéder à l’âge de 75 ans. Jean-François Téaldi et Véronique Marchand, anciens secrétaires généraux du SNJ-CGT de France Télévisions, lui rendent hommage.

« Il aimait évoquer ceux qui luttent »

« Entré à l’ORTF en 1969, Michel Barre fera toute sa carrière à FR3, puis France 3, dans les bureaux de Nantes, Besançon, Lille, Nancy, puis retour à Lille. Dans ses reportages, il aimait évoquer ceux qui luttent, avec une prédilection pour les mineurs. A Besançon il couvrit le combat des LIP. A cette occasion il sut montrer son indépendance en refusant de donner ses rushs à la police, qui voulait identifier les manifestants…

Dès ses débuts dans la région Ouest, il milite au SNJ, dont il deviendra un des responsables nationaux.

Il montrera sa capacité à unir les différents syndicats pour aboutir à la satisfaction des revendications, notamment en 1982, lors de la négociation pour obtenir la titularisation des journalistes pigistes.

Arrive le 10 mai 1981. Des négociations s’engagent pour aboutir à un avenant à la Convention collective nationale de travail des journalistes (CCNTJ), pour l’ensemble de l’audiovisuel public. Michel sera un des négociateurs et deviendra très vite spécialiste des questions salariales. Il montrera également sa capacité à unir les différents syndicats pour aboutir à la satisfaction des revendications, notamment en 1982, lors de la négociation pour obtenir la titularisation des journalistes pigistes. Il proposera au SNJ-CGT et au SJF-CFDT de défendre en commun les 180 journalistes pigistes à titulariser. Ce sera une première grande victoire, d’autant que seront également réintégrés huit journalistes licenciés après mai 68 et encore en activité.

Dans la foulée, il est nommé rédacteur en chef de FR3 Nancy. Son indépendance vis-à-vis des pouvoirs ne lui permettra pas de conserver très longtemps ce poste. A la fin de l’année 1983, il est viré et rejoint la rédaction de France 3 Lille comme grand reporteur.

Entre temps, il avait décidé d’adhérer au SNJ-CGT.

En décembre 1990, lors de la grève de quatre semaines pour résorber les écarts salariaux de 30 % entre les journalistes d’Antenne 2 et de France 3, il sera l’artisan de la négociation qui aboutira à un succès avec à la clef une enveloppe de 7 millions de francs (l’équivalent d’un peu plus d’un million d’euros).

En 1997 il devient secrétaire général du SNJ-CGT de France 3. Il le restera jusqu’en 2002. Il sera l’un des animateurs de la grève de cinq semaines en novembre et décembre 2001.

Il me cèdera sa place mais restera au Bureau national de 2002 à 2012, où il sera notamment chargé des négociations salariales.

Mon cher Michel, nous garderons de toi le souvenir d’un grand journaliste et d’un grand syndicaliste. »

Jean-François Téaldi,
secrétaire général du SNJ-CGT de FR3 puis de France 3 de 1982 à 1992, et de France3 puis de France Télévisions de 2002 à 2012.

 

« Avec Michel, c’était rarement
un mot plus haut que l’autre ! »

« Plutôt taiseux, Michel savait convaincre par des arguments bâtis sur le rappel des textes, des accords, des lois et règlements. Il était aussi précis et pointilleux sur le sens des mots : pour lui, nous ne détenions pas une carte de presse mais une carte de journaliste professionnel.le… Plus qu’une nuance, une définition légale : il y tenait et nous le rappelait ! Il avait d’ailleurs fait du droit une de ses spécialités en tant que journaliste : en Nord-Pas-de-Calais, il fut pendant des années le référent justice de la rédaction, faisant en plateau les comptes-rendus des procès… avec moustache et nœud papillon comme signature !

Michel a été – même au-delà de 1990, date de la remontée de la dernière « gaillette » de charbon du puits d’Oignies (Pas-de-Calais) – le « Monsieur Mine » de la rédaction nordiste. Ses reportages ont même fait l’objet d’une cassette spéciale éditée par France3.

Michel a aussi su utiliser ses compétences syndicales au service des téléspectateurs, en plus de les mettre au service des journalistes.

Michel a aussi su utiliser ses compétences syndicales au service des téléspectateurs, en plus de les mettre au service des journalistes : élu au CHSCT (comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail), formateur aux risques technologiques – le fameux stage «  CRAINT », que de nombreux journalistes de France 3 ont suivi sous sa direction pendant des années –, il a mis en œuvre ses compétences pour traiter en tant que journaliste les problématiques de l’amiante – si mortifères en Nord-Pas-de-Calais – et du nucléaire, avec la centrale de Gravelines.

Parce que je dois mon intégration à France3, lors de la « vague rose » de 1981, au combat syndical de Michel et de ses camarades, parce que c’est dans sa section que j’ai adhéré au SNJ-CGT, parce que c’est avec lui que j’ai exercé mes tout premiers mandats syndicaux, le décès de Michel m’attriste profondément.

Il laisse la trace indélébile d’un journaliste syndicaliste honnête et rigoureux, qui a su transmettre à ses pairs, ses collègues de travail et aux citoyens les outils d’information pour mieux comprendre la vie qui va et affronter ses aléas.

Merci, Michel. »

Véronique Marchand,
secrétaire générale du SNJ-CGT de France Télévisions de 2012 à 2020.

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