Croatie : “La situation n’est pas bonne. La reconstruction est très lente.”

0  -  Article mis à jour le 7 octobre 2021
L’assemblée générale annuelle de la Fédération européenne des journalistes (FEJ) a lieu, les 8 et 9 octobre à Zagreb. A cette occasion, nous avons interrogé Maja Sever, présidente du syndicat des journalistes croates (SNH).

En mars 2020, Zagreb a été frappée par un tremblement de terre. Un peu plus d’un an plus tard, comment allez-vous ? Quelle est la situation ? Pour tous les Croates, et surtout pour nos amis du syndicat des journalistes, dont la maison a également été touchée.

Maja Sever : “La situation n’est pas bonne. La reconstruction est très lente. Il y a seulement quelques jours, début septembre, le gouvernement a décidé de changer la loi pour faciliter la reconstruction. Les gens essaient de rénover les bâtiments eux-mêmes, mais en raison de la procédure compliquée, de nombreux travaux sont difficiles à réaliser. Le bâtiment de l’Association des journalistes croates est en grande difficulté. Le tremblement de terre a causé de gros dégâts, le coût de la reconstruction se chiffre en millions, et nous ne pouvons pas espérer une aide de l’État. Cette année, avec des collègues de l’association, nous avons partiellement rénové nous-mêmes les locaux.”

Au cours du premier semestre 2020, la Croatie a assuré la présidence de l’UE. Début 2022, ce sera le tour de la France. Avez-vous profité de ce moment pour exprimer les problèmes des journalistes croates ? Cela a-t-il été utile ?

M. S. : “Nous espérions profiter de ce moment et l’assemblée de la Fédération européenne des journalistes était censée se tenir à Zagreb pendant la présidence croate, mais la pandémie de Covid-19 a commencé et tout a été fermé et déplacé sur Internet. Ainsi, ce moment où l’attention de l’Europe était portée sur la Croatie a été éclipsé par d’autres problèmes. Nous, le syndicat, avons également traité de manière intensive les problèmes qui sont apparus dans le travail des journalistes : de l’aide à la protection des journalistes, au problème de la perte d’emploi de nombreux collègues, au déclin de la diffusion, à la crise qui a frappé le secteur des médias. Au moment où la pandémie a commencé, tous ces problèmes étaient en quelque sorte passés au second plan. Nous avons dû assurer la protection des collègues sur le terrain, nous avons demandé au gouvernement de fournir une aide financière aux free-lances et aux collègues qui ont perdu leur emploi, comme dans d’autres cas. Et les attaques contre les journalistes s’intensifient dans notre pays. Et maintenant, un an et demi plus tard, il semble que nos problèmes soient encore plus graves.”

Quelles sont les principales questions qui se posent aux journalistes croates aujourd’hui ?

M. S. : “Nous n’avons toujours pas de convention collective nationale, mais il n’y a pas non plus une seul accord d’entreprise dans les médias privés. Les droits du travail des journalistes ne sont pas suffisamment protégés, mais nous avons d’autres défis à relever. Le problème du financement des médias locaux met les journalistes de ces médias dans une position difficile, tant sur le plan professionnel qu’existentiel, nous essayons de renforcer leur position. Nous construisons des politiques de plaidoyer auprès du gouvernement et du ministère, pour qu’ils développent une stratégie médiatique et changent la législation sur les médias, car nos lois sont dépassées et ne correspondent pas à l’époque dans laquelle les journalistes travaillent.”

Quelle est la situation des journalistes de la radio-télévision publique, où tu travailles ?

M. S. : “Le service public de radio-télévision traverse une grande crise car notre directeur général est en détention pour cause de corruption. Les élections pour un nouveau directeur sont en cours, mais le service public, c’est-à-dire la direction du service public, n’a pas encore montré qu’il avait les connaissances et la force nécessaires pour transformer la radio-télévision croate en un média moderne et indépendant.”

Rencontrez-vous des difficultés dans les relations entre la police et les journalistes ? Dans quelles situations ?

M. S. : “Il y a quelques années, nous avons assisté à l’arrestation injustifiée d’un collègue journaliste, mais dernièrement nous n’avons pas enregistré de tels excès. Cependant, l’un des objectifs du syndicat des journalistes est de signer un Code de la liberté de la presse pour la police, qui réglementerait la coopération et des obligations, à l’instar de certains de nos collègues de l’UE.”

Nous sommes heureux de venir à Zagreb pour la réunion annuelle de la FEJ. Qu’est-ce que cela signifie pour le syndicat croate d’organiser cet événement, surtout un an après la fin de la pandémie et de toutes les réunions en ligne ?

M. S. : “C’est un événement important pour nous tous. Nous aurons l’occasion de parler de sujets importants devant des collègues, d’écouter leurs problèmes, d’établir une coopération. Je crois qu’il est important que les journalistes coopèrent et luttent ensemble pour une meilleure protection des journalistes, le respect des droits des travailleurs, l’indépendance et la pérennité du journalisme. Des rencontres comme celle-ci sont l’occasion de définir certains objectifs et de renforcer la coopération.”

Propos recueillis par Pablo Aiquel / Photo FIJ

 

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