France 24 : assemblée générale le vendredi 12 novembre

1  -  Article mis à jour le 9 novembre 2021

Communiqué des salariés organisateurs de la motion de défiance

Suivant le vote de 325 journalistes permanents et non-permanents (de France 24, NDLR) jeudi dernier, soit 60% de la rédaction, qui a montré une défiance claire envers la direction (lire le communiqué de la CGT FMM), notamment concernant quatre de ses membres (chacun au-dessus des 65%), et suivant le fait que ladite direction ne prend pas ses responsabilités :

Une assemblée générale des journalistes se tiendra ce vendredi 12 novembre à 15 heures. Elle est ouverte à tous, permanents et non-permanents au sein de la rédaction de France 24, tous postes confondus. Elle se tiendra dans un lieu qui sera communiqué ultérieurement, la direction expliquant que les raisons sanitaires ne permettraient pas d’accueillir une AG à cause la jauge maximale.

Le but de cette assemblée générale

Nous souhaitons permettre à chacun de s’exprimer, lister ensemble encore plus précisément les nombreux problèmes, proposer des solutions et désigner une délégation qui sollicitera ensuite un rendez-vous auprès de la direction de France 24 et de France Médias Monde afin d’ouvrir un dialogue et des négociations sur les conclusions de l’assemblée générale.

La direction n’a pas compris le message

Cinq jours après le vote de défiance, la direction n’a toujours pas pris la mesure de la nature du malaise général qui s’est exprimé. Elle convoque des réunions par services et par langues (réunions ce mardi réservées à l’édition et ce vendredi à la rédaction anglophone), refusant d’intégrer le fait même que le malaise, ses causes et ses conséquences sont partagés par tous. Par ailleurs, le fait de placer les journalistes anglophones en face à face avec leur directeur, qu’ils ont désavoué mais qui garde sur eux une autorité hiérarchique, paraît surprenant au minimum.

Le jour du vote, la direction a tenu une réunion avec les syndicats sans avoir la décence d’en attendre les résultats. La direction persiste à dialoguer en priorité avec des organes qui ont refusé de soutenir ce vote (la SDJ et la quasi-totalité des syndicats). Incompréhensible.

Un mouvement anonyme? Vraiment?

Dès le début du mouvement, les syndicats avaient été sollicités (tout comme la SDJ) par mail mais aussi en personne par des délégations du mouvement de salariés à l’origine de cette motion.

La question du planning

Le vote a permis de montrer à quel point la secrétaire générale et les questions de planning posaient d’énormes soucis, mais nos problèmes vont bien au-delà comme le montrent les résultats de la motion, qui touchent l’ensemble de la direction. Évidemment, l’actuelle secrétaire générale n’a pas réussi à imposer une relation de travail apaisée, et il faut en tirer les conséquences.

L’embauche d’une seule personne supplémentaire dans ce service, bien qu’elle nous réjouisse pour nos collègues chargés de planning tout aussi débordés que le reste de la rédaction, ne résoudra pas tous les problèmes.

Les « intérêts personnels » et autres « aventuriers », vraiment ?

Le mouvement est si large que les soupçons d’intérêts personnels dont nous avons été la cible sont évidemment infondés. La mobilisation massive en reste la meilleure preuve : si 325 personnes au sein de la rédaction, soit 60% des effectifs, a des comptes personnels à régler, c’est qu’il y a clairement un problème de management général. Prétendre que des gens qu’on ne désigne pas ont des intérêts personnels n’est qu’une façon de tenter de disqualifier la légitimité pourtant démontrée de ce mouvement.

Nous aimons France 24 et regrettons de ne pas la voir évoluer comme elle devrait, alors nous nous mobilisons.

Le manque de moyens

La direction générale de FMM, dans cette réunion avec les syndicats, semble croire que les nombreux problèmes que nous dénonçons et qui ont tant mobilisé les salariés et pigistes la semaine dernière sont tous liés à un manque de moyens. Nous avons conscience de la limite des possibilités budgétaires de la direction et en tenons compte. Bien entendu, nous demandons de meilleures revalorisations salariales (elles sont actuellement indécentes) et l’embauche de pigistes qui collaborent depuis trop d’années de façon précaire avec la chaîne.

Mais ce que nous souhaitons est aussi et avant tout une réorganisation à laquelle la direction refuse catégoriquement de s’attaquer. Nous devons notamment parler des services.

Ce que trop pressentent et beaucoup refusent de voir: un management devenu toxique

Qui n’a jamais eu de boule au ventre en venant travailler, non pas à cause du stress de l’actualité, mais d’un management nocif ? Attitudes à la limite du harcèlement, salariés démotivés et/ou à la limite du burnout.

Copinage, clientélisme, non-utilisation des compétences des journalistes, recours abusif aux contrats précaires, absence systémique de remise en question, absence de retour sur la qualité du travail des salariés en contrat mais aussi des journalistes payés à la pige qui sont pour beaucoup des salariés à temps plein non protégés, etc.

Autant de problèmes auxquels il est urgent de s’attaquer et qui ne coûteront pas un euro à France 24 ou France Médias Monde. Ils sont pourtant au cœur du mal-être de la rédaction.

Pourquoi avoir choisi de nommer individuellement les membres de la direction pour ce vote?

Certains salariés et dirigeants se sont parfois étonnés de la liste des personnes sur lesquelles se prononcer lors de la motion de défiance, notamment en ce qui concerne Amaury Guibert, qui vient tout juste de nous rejoindre.

L’adjoint à la directrice, chargé de l’antenne francophone, n’était pas particulièrement visé par la motion de défiance. Mais, dans un souci démocratique et à la demande de nombreux salariés, nous avons permis à chacun d’exprimer sa confiance ou sa défiance envers tous les membres de la direction.

Les résultats sont clairs : c’est pour certains une sanction, pour d’autres un appel à agir. La directrice n’est certes à ce poste que depuis le mois de juin mais fait partie de la direction depuis quatre ans et de la chaîne depuis quinze.

On ne peut se décharger de toute responsabilité dans de telles conditions.

En conclusion

La directrice a critiqué vertement « l’anonymat » derrière l’organisation de cette motion (ce qui est faux), expliquant devant la direction de FMM et des syndicats réunis, qu’il fallait du courage pour être journaliste.

Il en faut, en effet.

Nous en montrons tous les jours, y compris en travaillant dans des zones dangereuses (sans prime de risque, faut-il le rappeler) et n’acceptons donc pas cette critique. Pour se remettre en question, entendre le mal-être de ses collaborateurs et réorganiser une chaîne, il faut aussi du courage. Nous appelons à ce que ce courage se manifeste enfin.

Nous rappelons que l’ensemble des salariés et collaborateurs de France 24 sont appelés à se réunir, et à s’exprimer pour ceux qui le souhaitent, lors de l’assemblée générale ce vendredi à 15 heures.

Il est temps que notre chaîne progresse.


Nous aimons profondément France 24, mobilisons-nous.

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