Journée mondiale de la liberté de la presse : la FIJ exige une réponse mondiale dans la lutte contre l’espionnage des journalistes

0  -  Article mis à jour le 3 mai 2022

Communiqué de la FIJ

Les cas d’espionnage de journalistes et de professionnels des médias à l’aide de logiciels espions sophistiqués se sont multipliés ces dernières années dans le monde entier. À l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse le 3 mai, la Fédération internationale des journalistes (FIJ) et tous ses affiliés exhortent les gouvernements du monde entier et les organismes internationaux à collaborer avec les syndicats de journalistes pour élaborer des réglementations strictes interdisant la surveillance des journalistes et reconnaissant l’inviolabilité de leurs communications.

De plus en plus de reportages révélant l’ampleur et l’étendue de l’utilisation de logiciels espions pour surveiller les journalistes et les gouvernements du monde entier montrent que la surveillance des journalistes est l’une des menaces principales et des plus inquiétantes pour la liberté de la presse.

De l’Asie-Pacifique à l’Amérique latine, en passant par l’Europe, l’Afrique et le Moyen-Orient, des gouvernements ont utilisé des logiciels espions sophistiqués conçus pour lutter contre la criminalité afin de cibler des journalistes indépendants.

De l’Asie-Pacifique à l’Amérique latine, en passant par l’Europe, l’Afrique et le Moyen-Orient, des gouvernements ont utilisé des logiciels espions sophistiqués conçus pour lutter contre la criminalité afin de cibler des journalistes indépendants.

L’absence de réglementation et de contrôle sur l’utilisation de ce type de logiciel espion, conçu à l’origine pour lutter contre la criminalité et le terrorisme, permet une utilisation malveillante de celui-ci contre les journalistes, les politiciens, les défenseurs des droits humains et les dirigeants de la société civile. Dans le cas des journalistes et des professionnels des médias, ce logiciel a été largement utilisé pour espionner leurs appareils.

En cliquant simplement sur un lien a priori quelconque, un appareil est infecté et donne aux utilisateurs du logiciel un accès complet aux mots de passe, comptes, appels, e-mails et même aux communications cryptées. Ils peuvent également enregistrer des vidéos, de l’audio et lire des messages à l’insu de l’utilisateur de l’appareil.

Avec un accès complet aux principaux outils de travail des journalistes, les gouvernements peuvent identifier des sources, saper la recherche, intimider les travailleurs des médias et, dans certains cas, faire cesser leurs reportages.

Avec un accès complet aux principaux outils de travail des journalistes, les gouvernements peuvent identifier des sources, saper la recherche, intimider les travailleurs des médias et, dans certains cas, faire cesser leurs reportages.

Espionner les journalistes : une pratique courante pour les gouvernements du monde entier

Ces derniers mois, les médias et les instances internationales ont signalé de multiples cas d’espionnage de professionnels des médias. En juillet 2021, le projet Forbidden Stories a révélé que 180 smartphones de journalistes avaient été infectés par le logiciel espion israélien Pegasus. Et ils n’étaient pas les seuls.

Au Salvador, une enquête menée par The Citizen Lab a prouvé qu’au moins 31 professionnels des médias ont été espionnés par le logiciel Pegasus entre juin 2020 et novembre 2021. De nombreux journalistes espionnés (22) travaillaient pour le journal numérique El Faro, critiquant le président salvadorien Nayib Bukele.

La même organisation a révélé que le journaliste grec Thanasis Koukakis aurait été espionné par un nouveau logiciel de surveillance nommé Predator pendant au moins trois mois, entre le 12 juillet et le 24 septembre 2021, tandis qu’une autre enquête a récemment révélé des allégations d’espionnage sur des journalistes catalans en Espagne. En Jordanie, le smartphone de la journaliste indépendante Suhair Jaradat a été piraté avec le logiciel espion Pegasus entre août 2019 et décembre 2021.

Ce ne sont que quelques-uns des cas confirmés; le nombre réel d’espionnages est certainement plus élevé. Face à l’avalanche de nouveaux cas d’espionnage de journalistes et à l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, la FIJ appelle :

  • Les journalistes à redoubler d’efforts pour protéger leurs données et appareils; et les entreprises médiatiques à promouvoir des formations à la sécurité numérique pour les journalistes.
  • Les gouvernements à inscrire dans le droit national l’inviolabilité des communications des journalistes à la fois de manière générale, mais aussi dans l’élaboration de lois et de réglementations spécifiques telles que celles sur la surveillance nationale.
  • La communauté internationale à mettre en place un régime réglementaire permettant l’inspection et la réglementation de toutes les organisations fournissant des produits susceptibles de porter atteinte aux droits et libertés fondamentaux des journalistes.

Le Président de la FIJ, Younes Mjahed, a déclaré : « La surveillance prive les journalistes de toute forme de sécurité. Chaque jour, une nouvelle affaire d’espionnage sur un journaliste est découverte. L’espionnage numérique des journalistes se développe et des actions à la fois mondiales et nationales sont nécessaires de toute urgence pour l’endiguer. Le prochain Congrès de la FIJ à Oman explorera comment la surveillance peut être endiguée et nous travaillerons avec nos affiliés pour nous assurer que les journalistes sont mieux équipés pour se protéger contre les attaques de logiciels malveillants ».

Les affiliés de la FIJ organiseront une série de manifestations autour du 3 mai pour rappeler les fondamentaux d’une presse libre et les valeurs essentielles du journalisme.

Bruxelles, le 2 mai 2022.

Consulter le site de la FIJ

Top