Cette déclaration de l’assemblée générale de la FEJ (13-14 juin, à Izmir), a été déposée par SNJ-CGT (France), DJV (Allemagne), TUCJ (Croatie), CCOO (Espagne), EAJ (Estonie).
Les journalistes freelances et rémunérés à la pige constituent une part essentielle de la profession journalistique. Dans la grande majorité des pays, l’information diffusée par les médias ne serait pas aussi riche, diversifiée, complète, s’il n’y avait pas une multitude de journalistes travaillant pour différents médias, dans différentes régions et villes ou spécialisés dans certains domaines d’expertise. Les journalistes freelances ne sont pas en concurrence avec les rédactions, ils les complètent.
Malheureusement, dans la grande majorité des pays, de nombreux éditeurs ont trop peu de respect et de reconnaissance pour les journalistes indépendants, profitant d’une main-d’œuvre précaire pour réduire les coûts de production de l’information.
Malheureusement, dans la grande majorité des pays, de nombreux éditeurs ont trop peu de respect et de reconnaissance pour les journalistes indépendants, profitant d’une main-d’œuvre précaire pour réduire les coûts de production de l’information.
Or, la précarité des journalistes est la désinformation de tous les citoyens. Le manque de considération pour les conditions de travail des journalistes pigistes et rémunérés à la pièce nuit à la qualité de l’information.
Il n’est pas acceptable, comme c’est le cas en France dans la grande majorité des médias et des branches, que la rémunération des « pigistes » (travailleurs atypiques, payés à la pièce avec contrat de travail) ne soit pas réévaluée depuis des décennies, dans le cadre des négociations annuelles obligatoires. La ministre du Travail, Elisabeth Borne, vient de confirmer que les journalistes payés à la pièce, qui bénéficient en France d’une présomption de contrat de travail depuis 1974, devraient être inclus dans les négociations collectives chaque année (lire ici).
Il n’est pas acceptable, comme c’est le cas en France dans la grande majorité des médias et des branches, que la rémunération des « pigistes » ne soit pas réévaluée depuis des décennies, dans le cadre des NAO.
Il n’est pas acceptable que les frais fixes des journalistes pigistes et rémunérés à la pièce ne soient pas pris en compte par les médias et les éditeurs. Il n’est pas acceptable, comme c’est le cas en Estonie, que la plupart des freelances travaillent avec des contrats de licence qui leur donnent des droits d’auteur, mais les mettent dans une mauvaise situation en matière de sécurité sociale et de condition de rémunération, compte tenu de tous les coûts pour les freelances que pour les journalistes salariés que le
média ou la chaîne supporte.
En outre, en Estonie, les journalistes ne sont pas reconnus comme des personnes créatives, d’où l’inclusion des journalistes indépendants dans le régime d’aide aux personnes créatives (comme les artistes, les écrivains, les cinéastes, les acteurs, etc.)
Il n’est pas acceptable qu’en Allemagne, les journalistes indépendants soient souvent payés si peu qu’ils vivent dans des conditions précaires, par exemple les photojournalistes, mais aussi d’autres journalistes.
Il n’est pas non plus acceptable que la santé des journalistes indépendants ne soit pas / ou pas suffisamment prise en compte, ce qui est également le cas des entreprises de médias.
Les freelances devraient également avoir accès à des séminaires et à des formations en matière de santé et de résilience, comme les employés des entreprises médiatiques.
Nous ne pouvons pas permettre, comme en Espagne, qu’une directive sur les tarifs minimums pour ces services soit considérée comme une attaque contre la concurrence par l’organisme de régulation espagnol (CNMC), que les entreprises profitent de l’absence de réglementation pour rendre la profession dans son ensemble plus précaire, ou que cela soit une excuse pour envoyer des journalistes sans aucune protection dans des zones de conflit comme nous l’avons vu en Ukraine.
Le fossé et le manque d’équilibre entre les freelances solitaires et les clients/sociétés de médias, qui deviennent de plus en plus grands et forts lorsqu’ils fusionnent pour former d’énormes sociétés nationales/internationales puissantes, se creusent.
Le fossé et le manque d’équilibre entre les freelances solitaires et les clients/sociétés de médias, qui deviennent de plus en plus grands et forts lorsqu’ils fusionnent pour former d’énormes sociétés nationales/internationales puissantes, se creusent.
Le monde des médias et de la technologie s’est développé et a changé, mais les possibilités, les paiements et la sécurité des freelances ont été affaiblis. Les médias coopèrent, deviennent plus gros, paient une fois et utilisent/partagent la production de ces journalistes (texte, photos, vidéo, sons, illustrations, etc.) avec de nombreux membres des médias sur différentes plateformes pour toujours – sans payer plus pour cela ; plutôt moins qu’avant, lorsque les journalistes indépendants pouvaient travailler pour plusieurs clients. Aujourd’hui, ce marché et ces possibilités ont disparu.
Les entreprises médiatiques deviennent plus fortes, mais le freelance solitaire est encore plus seul et plus faible, en ne permettant pas à certains d’entre eux d’avoir des négociations collectives, et en excluant ceux qui ont ce droit sur le papier.
Les entreprises médiatiques deviennent plus fortes, mais le freelance solitaire est encore plus seul et plus faible, en ne permettant pas à certains d’entre eux d’avoir des négociations collectives, et en excluant ceux qui ont ce droit sur le papier.
La Fédération européenne des journalistes, réunie en assemblée générale les 13 et 14 juin à Izmir, demande à tous les éditeurs, publics et privés, de mettre en place des mesures pour respecter les droits des journalistes freelances et rémunérés à la pièce, de prendre en charge les risques psychosociaux inhérents à l’isolement et à l’éloignement des groupes de travail, et demande que la rémunération soit une réelle reconnaissance du travail accompli.
La rémunération des journalistes free-lance ne doit pas être une simple variable d’ajustement permettant à un média d’exister.
La rémunération des journalistes free-lance ne doit pas être une simple variable d’ajustement permettant à un média d’exister.
La Fédération européenne des journalistes appelle également les gouvernements à mettre en place des cadres juridiques qui empêchent l’exclusion des journalistes freelances de tous les régimes sociaux, tels que les aides post-pandémiques ou inflationnistes.
La Fédération européenne des journalistes demande aux membres du Parlement européen de veiller à ce que les recommandations permettant aux travailleurs indépendants de bénéficier de droits de négociation collective soient appliquées aux journalistes freelances dans les plus brefs délais.