Communiqué du SNJ-CGT
Le 7 mars, trois journalistes du groupe I/O Media (Têtu, IDEAT Éditions, Opéra Magazine et Lyrik), détenu par Albin Serviant, ont eu la surprise d’apprendre leur « éventuel licenciement économique » par lettre recommandée. L’annonce est choquante et totalement inattendue.
Alors que le propriétaire du groupe déclarait, en février 2023, lors de réunions générales ainsi que dans des communiqués publiés sur Linkedin, vouloir renforcer les équipes éditoriales du magazine IDEAT, en recrutant deux rédacteurs en chef adjoints, ainsi que celle du magazine The Good Life, avec un nouveau rédacteur en chef. Dans les faits, un remplacement, une promotion et finalement une seule ouverture de poste. Les trois concernent les versions « print » des magazines.
Depuis qu’il a racheté le groupe IDEAT Editions (Ideat, The Good Life, Dim Dam Dom) fin mai 2022, Albin Serviant n’a cessé de mettre en avant une stratégie de développement digital.
Pourtant, depuis qu’il a racheté le groupe IDEAT Editions (Ideat, The Good Life, Dim Dam Dom) fin mai 2022, Albin Serviant n’a cessé de mettre en avant une stratégie de développement digital. Un article des Echos paru le 5 mai 2022 mentionne à son sujet : « Avec Ideat, tout est à faire sur la Toile, les titres du groupe fondé par Laurent Blanc n’ayant pour l’instant qu’une vitrine numérique. […] Albin Serviant estime qu’il y a “un boulevard” pour un développement numérique. […] Il pense au développement des contenus vidéos, à des offres d’abonnement payantes […]. »
Vers un “pôle digital” sans journaliste ?
Afin d’accélérer la stratégie numérique du groupe, un « digital chief officer » est nommé le 23 février dernier à la tête de TheGoodLife.fr et IDEAT.fr, deux rédactions web visiblement requalifiées en un unique « pôle » digital.
Le 2 mars, interrogé par les équipes sur d’éventuels licenciements économiques, Albin Serviant bottait en touche. Sans doute le temps pour la direction de mettre au point son plan.
Le 2 mars, interrogé par les équipes sur d’éventuels licenciements économiques, Albin Serviant bottait en touche. Sans doute le temps pour la direction de mettre au point son plan. Une semaine plus tard, trois journalistes du groupe (la rédactrice en cheffe du site The Good Life, un rédacteur web/JRI et le rédacteur en chef de Lyrik) sont convoqués à un entretien préalable au licenciement le 17 mars. Aucun reclassement ne leur a été proposé en dépit des embauches de février et des annonces de recrutements en cours pour la régie publicitaire et le service communication. D’autres licenciements seraient actuellement en cours de réflexion. Vont-ils cibler les quelques journalistes web encore en poste ?
Fin 2022, Albin Serviant se félicitait même d’avoir remporté le « trophée d’éditeur innovant de l’année », décerné par la Presse au Futur, qui lui « [laissait] penser que la route [était] belle ».
Pourtant, tout semblait réussir à celui qui avait lancé la FrenchTechLondon et fondé la société I/O Media : rachats de groupes de presse, engagement de nouveaux investisseurs, soutien de l’IFCIC, un établissement de crédits financé en partie par l’Etat et spécialisé dans le secteur culturel… Fin 2022, Albin Serviant se félicitait même d’avoir remporté le « trophée d’éditeur innovant de l’année », décerné par la Presse au Futur, qui lui « [laissait] penser que la route [était] belle ». Avec l’annonce brutale des trois licenciements, M. Serviant va à l’encontre de sa stratégie « premium », qui se veut « anti-Reworld », selon ses propres termes. Compte-t-il en réalité externaliser la production auprès d’agences de création de contenus, comme le font certains groupes de presse, au détriment de la qualité éditoriale ?
Le SNJ-CGT dénonce les méthodes choquantes employées par la direction de I/O Média et lui demande de renoncer aux licenciements. Le SNJ-CGT apporte tout son soutien aux salariés et se tient à leurs côtés.
Montreuil, le 13 mars 2023.
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