Communiqué du SNJ-CGT de Radio France
Il ne s’agit plus d’une érosion mais d’une véritable hémorragie: près d’un demi- million d’auditeur·trice·s ont déserté les antennes locales de Radio France en un an, selon les résultats Médiamétrie pour la vague janvier-mars 2025.
«Notre priorité absolue est de regarder devant», fait savoir la direction d’ici dans son communiqué aux salarié·e·s.
La CGT Radio France invite au contraire à regarder les années passées pour comprendre les raisons d’un tel décrochage. Il s’explique surtout par une série de mauvaises décisions stratégiques et un affaiblissement constant de nos moyens.
Depuis des années, le pilotage de ce réseau est digne d’un bateau ivre: les directeur·trice·s, responsables d’information ou des programmes passent, imposent leur vision parisienne, détruisent chacun à leur tour un peu plus l’antenne, puis repartent vers des rivages plus cléments…
Depuis des années, le pilotage de ce réseau est digne d’un bateau ivre: les directeur·trice·s, responsables d’information ou des programmes passent, imposent leur vision parisienne, détruisent chacun à leur tour un peu plus l’antenne, puis repartent vers des rivages plus cléments…
La «refonte du projet éditorial» menée depuis septembre n’est que le dernier avatar de ce parcours chaotique: elle impose des grilles semblables pour toutes les locales, qui nient leur spécificité et leur territoire. La suppression de la moitié des journaux locaux le matin est toujours éditorialement incompréhensible pour un réseau dont l’ADN et la principale force de séduction de l’auditorat a toujours été la proximité.
La «refonte du projet éditorial» menée depuis septembre n’est que le dernier avatar de ce parcours chaotique: elle impose des grilles semblables pour toutes les locales, qui nient leur spécificité et leur territoire.
Cette dilution fatale de notre identité se prolonge dans d’autres domaines, avec par exemple la suppression progressive de la diffusion radio des émissions consacrées aux sports, qui font partie de l’histoire du réseau. Dans le même temps, le projet de la direction transforme nos antennes en robinet à musique et à émissions pré- enregistrées.
De la «radio en conserve» standardisée et interchangeable, sans âme et sans personnalité, faite pour diminuer les coûts de production et le nombre d’animateur·trice·s et de technicien·ne·s. Comment peut-on sérieusement imaginer maintenir le lien affectif si précieux avec nos auditeur·trice·s par des micros de quelques secondes entre deux disques ? Rien d’étonnant dans ces conditions qu’ils désertent ici pour écouter ailleurs!
De la «radio en conserve» standardisée et interchangeable, sans âme et sans personnalité, faite pour diminuer les coûts de production et le nombre d’animateur·trice·s et de technicien·ne·s.
La période est à l’économie, rappelle la direction. Pourtant, il y a quatre mois, plus de 4 millions d’euros sont mis à disposition pour changer de nom, malgré le danger de perdre au passage quelques points d’audience. «Nous avions anticipé ce risque» explique la direction. Nous voilà rassuré·e·s au vu de l’une des pires chutes Médiamétrie de l’histoire du réseau!
Face à ce fiasco, la direction n’a plus que les chiffres du numérique à faire valoir, qui, hélas, ne sont pas pris en compte par Médiamétrie. Elle oublie peut-être que sans la radio, notre cœur de métier, les articles, vidéos et autre émissions live n’ont aucune chance d’exister. A quoi sert la visibilité sur internet et à la télé, tant vantée par la direction, si plus personne n’écoute ici?
La CGT alerte depuis des mois sur ces décisions qui sabotent le réseau local au pire moment de l’histoire de Radio France, quand l’avenir de l’audiovisuel public est menacé par un projet de fusion qui ne dit pas son nom.
La CGT alerte depuis des mois sur ces décisions qui sabotent le réseau local au pire moment de l’histoire de Radio France, quand l’avenir de l’audiovisuel public est menacé par un projet de fusion qui ne dit pas son nom.
Madame Pigalle (directrice du réseau France Bleu, devenu « ici » en janvier dernier, NDLR), vous nous dites que vous souhaitez conserver votre cap car vous avez confiance en votre stratégie et qu’il faut lui laisser du temps pour produire ses résultats, mais ce discours, nous l’entendons depuis des années, tenu par toutes celles et ceux qui vous ont précédé·e·s, et la situation n’a fait qu’empirer. Vous nous annoncez également une deuxième couche de réformes pour la rentrée, avec la programmation musicale unique et les horloges imposées qui en découleront.
Combien d’auditeur·trice·s devrons-nous encore perdre pour que vous acceptiez de réinterroger la pertinence des choix éditoriaux?
Combien d’auditeur·trice·s devrons-nous encore perdre pour que vous acceptiez de réinterroger la pertinence des choix éditoriaux?
Les journalistes, animateur·trice·s, technicien·ne·s, chargé.e.s d’accueil, agent·e·s de gestion, rédacteur·trice·s en chef, responsables des programmes, responsables technique et directeur·trice·s connaissent les territoires où ils vivent. Faites-leur confiance pour regagner celle de nos auditeurs!
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