Ce lundi, la première journée du 52e congrès de la CGT a permis de dresser le portrait des délégués :
- Sur 938 délégués présents à l’ouverture, 751 participent à leur premier congrès, soit 80%
- On compte 416 femmes (45%) et 522 hommes (55%)
- Les délégués de moins de 30 ans ne sont que 38
- La moyenne d’âge est de 47 ans
- Les délégués en CDI sont 820, soit 87% des délégués actifs
- Les délégués du privé sont 55%
Les délégués ont élu le bureau du congrès (qui remplace la direction de la CGT pendant la durée du congrès), les présidences de séances ainsi que les membres des différentes commissions. Notre camarade Véronique Marchand, secrétaire générale du SNJ-CGT de France Télévisions et déléguée du SNJ-CGT au congrès, a été élue membre de la commission du document d’orientation. De longues nuits en perspective pour étudier les milliers d’amendements déposés par les syndicats.
Cette journée a également été marquée par le rapport d’ouverture présenté par Philippe Martinez. Extraits :
« A l’approche des élections européennes, on mesure la défiance des citoyens sur ce qui est de plus en plus une institution au service du capital, à l’image du vote du Brexit au Royaume-Uni. Mais nous croyons et nous militons pour une autre Europe, une Europe plus fraternelle, plus solidaire et surtout sociale. C’est que nous avons porté lors de la manifestation à Bruxelles le 26 avril dernier avec une forte présence des drapeaux rouges de la CGT. Une initiative qui marque notre volonté, avec d’autres confédérations de pays européens, d’un syndicalisme combatif. »
Dès son élection, le gouvernement s’est attaqué en priorité, et c’est tout un symbole, au droit collectif, finissant ainsi le travail commencé par Hollande.
« Des députés qu’on nous a présentés à l’image de Macron, jeunes, nouveaux en politique et venant de la société civile. La fameuse société civile ! A y regarder de plus près, ces nouveaux députés représentent principalement une catégorie, les fameux CSP + et il ne reste plus qu’un seul ouvrier parmi eux. Dès son élection, le gouvernement s’est attaqué en priorité, et c’est tout un symbole, au droit collectif, finissant ainsi le travail commencé par Hollande. Une attaque en règle contre les garanties collectives avec la casse du Code du travail et le renvoi de la négociation vers l’entreprise, voire vers les salariés. »
« Depuis notre dernier congrès, nous avons multiplié les journées de mobilisation et d’action interprofessionnelle. En 2016, il y a eu 16 journées de grève au niveau national sans compter les actions dans les ports ou les raffineries par exemple. Cela s’est conjugué avec des grèves professionnelles à l’instar du formidable mouvement de nos camarades cheminots au printemps 2018 contre la casse de leur entreprise. »
« Et aujourd’hui, nous aurions peur ou serions inquiets du mouvement dit des Gilets jaunes. Sûrement, les mêmes qui nous disaient il y a plusieurs mois, que les mobilisations n’étaient plus d’actualité, que nous exagérions lorsque nous déclarions que la colère était grande et profonde dans ce pays. D’autres ont même écrit que nous aurions été négocier à l’Elysée la fin de ce mouvement, le 10 décembre dernier. A l’heure des fake-news, rien ne les arrête. Non, nous n’avons pas peur des mouvements sociaux, même si celui-ci nous conforte dans nos analyses, sur notre présence ou notre absence dans les entreprises et notre place dans toute la société, sur l’image que nous pouvons renvoyer d’un syndicalisme un peu trop plan-plan. Ce mouvement n’est-il pas, pour une bonne part, le reflet de ce qu’on appelle nos déserts syndicaux mais j’y reviendrai. »
Nous assistons à une forte répression policière, l’utilisation d’armes comme les LBD, avec de nombreux blessés, des personnes mutilées à vie
« Nous assistons à une forte répression policière, l’utilisation d’armes comme les LBD, avec de nombreux blessés, des personnes mutilées à vie. Mais c’est aussi cette image de jeunes, agenouillés et ligotés les mains dans le dos, humiliés publiquement. Quand un Etat se conduit ainsi avec sa jeunesse, c’est une honte. Lors du 1er Mai à Paris, c’est le cortège de la CGT qui a été à plusieurs reprises la cible de violentes charges policières. L’objectif du gouvernement était clair : qu’il n’y ait pas de défilé syndical. Je veux remercier l’ensemble de nos camarades présents et en premier lieu les volontaires du service d’ordre pour leur sang-froid et leur courage face aux provocations orchestrées par Castaner. Il ne nous a pas volé notre 1er Mai ! »
Il y a urgence à ce que l’égalité professionnelle et salariale entre les femmes et les hommes deviennent une réalité.
« Il y a urgence à ce que l’égalité professionnelle et salariale entre les femmes et les hommes deviennent une réalité. C’est la revendication première du monde du travail, femmes et hommes confondus. Outre le fait que cet écart soit inacceptable, le résorber permettrait une recette pour la Sécurité sociale de l’ordre de 5,5 milliards d’euros par an. »
« Selon un récent sondage, deux tiers de personnes interrogées s’opposent à un report de l’âge de la retraite, plus d’une majorité souhaitant d’ailleurs le retour à 60 ans, et deux tiers également n’envisagent pas de cotiser plus longtemps. Plutôt que se défendre, soyons à l’offensive aussi sur ce sujet. Sans rentrer dans les détails, nous revendiquons le maintien du système par répartition, un système solidaire et intergénérationnel avec le retour à un âge de départ à 60 ans voire à 55 et 50 ans pour les travaux pénibles et un taux de remplacement minimum de 75%. »
« Nous nous revendiquons plus que jamais comme un syndicalisme de classe car, oui, plus que jamais, le monde est bien divisé en deux camps. Celui du capital et celui du travail. Et nous devons le revendiquer haut et fort, tous ceux qui sont dans le camp du travail, quel soit leur statut social ou la taille de leur entreprise, leur origine, leur nationalité, leur type de contrat de travail ou bien celles et ceux qui n’ont pas, ont toute leur place à la CGT. »
Un syndicalisme de masse, c’est faire en sorte que notre CGT soit à l’image de la population, c’est-à-dire à parité.
« Un syndicalisme de masse, c’est faire en sorte que notre CGT soit à l’image de la population, c’est-à-dire à parité. Eh oui, camarades, un être humain sur deux est une femme dans le monde. Mais chez nous, seulement 38,5% des syndiqués sont des syndiquées. Et pourtant, nos adhésions font état d’une quasi-parité. Si nous avons progressé dans la présence des femmes au 52e congrès, puisque nous passons de 41% au précédent à 45% aujourd’hui, ce n’est toujours pas la parité. Il y a donc des choses à revoir dans notre organisation pour que les femmes prennent toute leur place dans la CGT. »
Nous devons également donner plus de place à la jeunesse.
« Nous devons également donner plus de place à la jeunesse. Leur laisser plus de place, cela ne veut pas dire adhérer à la CGT, s’assoir et attendre son tour pour prendre des responsabilités. C’est d’abord les écouter, les laisser parler parce que leur vécu pour entrer dans la vie active, leur rapport au travail n’est pas le même que la génération précédente. Lorsque 80% des embauches se font aujourd’hui en CDD, la précarité, ils peuvent en parler mieux que les autres. »
« Nous connaissons une baisse régulière du nombre de nos adhérents, environ 43 000 depuis 2012 dont 23 000 de 2015 à 2017, dernière exercice clos. Pourtant, durant cette même période, nous avons enregistré environ 236 550 adhésions, dont 112 840 de 2015 à 2017. […] A noter que 84 050 de nos adhérents sont des syndiquée isolés, soit 10 000 de plus en 4 ans, malgré une résolution d’un de nos précédents congrès qui affirmait « pas de syndiqués sans syndicats » ».
Au total, la CGT est absente pour 34% du corps électoral dans le privé, soit l’équivalent de près de 2,9 millions d’inscrits
« Au total, la CGT est absente pour 34% du corps électoral dans le privé, soit l’équivalent de près de 2,9 millions d’inscrits. C’est ce qui explique aussi notre retard par rapport à la CFDT qui a un taux d’implantation plus élevé que le nôtre. Les déserts syndicaux existent également dans les entreprises où nous sommes implantés. »
« Enfin, nous devons poursuivre nos efforts en matière de communication, c’est le sujet sur lequel, comment dire, je me fais le plus engueuler. Pourtant, les supports ne manquent pas, notamment les publications et parfois, c’est pour se répéter. Si la lecture de notre presse, je pense à la NVO mais aussi l’accès à Ensemble, est importante, il faut notamment travailler encore plus à la diversité de nos supports. »