Communiqué de la SDR de « La Recherche »
Les éditeurs du magazine La Recherche – le groupe de presse de Claude Perdriel – ont décidé, en pleine période de confinement, de fusionner le mensuel La Recherche avec le mensuel Sciences et Avenir. Présenté en Comité social et économique (CSE) le 30 avril 2020, le projet prévoit la création d’un mensuel scientifique unique, baptisé Sciences et Avenir – La Recherche, la fusion des deux sites web, ainsi que la publication d’un trimestriel La Recherche – Les Essentiels du XXIe siècle. Ce qui impliquerait la fusion des deux rédactions au sein d’un « pôle sciences ». Nous, l’ensemble de la rédaction du magazine La Recherche, nous opposons à ce projet, qui conduirait à la disparition d’un mensuel scientifique qui fête cette année ses 50 ans.
Si ce projet répond à une logique, celle-ci est purement économique et en aucun cas éditoriale.
Selon la direction, ce projet permettra de maintenir l’identité de Sciences et Avenir et celle de La Recherche. À nos yeux, c’est précisément le contraire qui se profile. Si ce projet répond à une logique, celle-ci est purement économique et en aucun cas éditoriale. Certes, le groupe Perdriel dans son ensemble connaît actuellement des difficultés, mais il nous semble, particulièrement dans la période actuelle, que le domaine scientifique ne devrait pas servir de variable d’ajustement. Outre son titre improbable (Sciences et Avenir – La Recherche), la création de ce journal hybride brouillerait deux identités fort différentes.
La Recherche s’adresse à un lectorat sensibilisé à la science, désireux de découvrir un domaine en profondeur. Le magazine mêle ainsi articles de chercheuses et de chercheurs, et articles de journalistes, avec une volonté de contextualiser l’information scientifique, de prendre du recul vis-à-vis de l’actualité, de faire découvrir des domaines très fondamentaux – parfois très pointus –, et de décortiquer les méthodes et les démarches scientifiques. Sciences et Avenir vise quant à lui un lectorat plus large et traite par conséquent l’information selon des angles plus grand public, avec une prédominance des sujets de santé.
Ces deux magazines, avec leurs lignes éditoriales spécifiques, ont chacun leur rôle à jouer dans l’écosystème médiatique.
Nous l’avons vu avec la crise du coronavirus : avoir accès à une information de qualité et diversifiée est plus que jamais nécessaire. À cet égard, ces deux magazines, avec leurs lignes éditoriales spécifiques, ont chacun leur rôle à jouer dans l’écosystème médiatique. Les fusionner reviendrait à renoncer à la diversité et à la pluralité de la presse scientifique francophone, au moment où nous en avons sans doute le plus besoin.
Cette dissolution nous apparaît donc comme le plus court chemin vers la disparition, à terme, du magazine La Recherche.
Par ailleurs, la fusion des deux équipes de La Recherche et de Sciences et Avenir dans un « pôle », pour reprendre le terme employé par notre direction, nous apparaît comme contraire à l’idée même de maintenir l’identité propre à chaque titre. En effet, un journal naît d’un travail d’équipe qui forme une entité indépendante et singulière. Nous sommes très attachés à notre rédaction. Si, demain, chaque rédacteur.trice, maquettiste, secrétaire de rédaction, iconographe, directeur.trice artistique doit se démultiplier, passer d’un support à l’autre, jongler avec les différentes lignes éditoriales, s’improviser tantôt vidéaste, tantôt réalisateur de podcast, comment envisager sérieusement le maintien de l’identité et de la qualité des journaux à long terme ? Ce travail d’équilibriste n’est pas tenable.
Ne soyons pas dupes, dans les fusions, c’est toujours le plus gros qui l’emporte. Cette dissolution nous apparaît donc comme le plus court chemin vers la disparition, à terme, du magazine La Recherche.
La société des rédacteurs de La Recherche
C’est pourquoi nous vous invitons à signer la pétition suivante :
Ayant pris connaissance de l’analyse de la société des rédacteurs de La Recherche, je m’associe à son opposition à un projet de fusion qui, par le mélange des orientations éditoriales divergentes de deux publications réputées et de bonne tenue, nuirait à l’une et à l’autre.
Pour signer la pétition: cliquer ici.