“DNA” : “Le mal-être règne au sein du journal”

0  -  Article mis à jour le 6 avril 2022

Communiqué SNJ-CGT, SNJ, Filpac-CGT, CFDT

Ce mardi, le PDG d’EBRA Philippe Carli a été à la rencontre des salariés pour présenter la stratégie du groupe jusqu’en 2025. En préambule, vos représentants ont tenu à rappeler dans quel état psychologique se trouvent les équipes aux DNA. Il fallait qu’il l’entende. Voici ce texte :

Monsieur Carli,

En janvier dernier, interrogé par la commission d’enquête sénatoriale sur la concentration de la presse, vous affirmiez : « Il n’y a pas de pluralité de la presse sans des équipes de journalistes et des rédactions fortes. » Les nôtres sont épuisées et démotivées.

A la même occasion, vous déclariez : « Nous avons renforcé les contenus régionaux éditoriaux et prenons plus de temps pour mettre en valeur l’information régionale ». C’est une vérité tronquée pour ce qui concerne le print : toutes les locales, y compris celles des grandes villes, sont en méli-mélo d’éditions depuis le début de la crise pandémique. D’abord pour des raisons d’actualité moindre, puis pour économiser du papier.

Vous avez souligné encore avoir « systématiquement remplacé les journalistes à l’issue des départs ». Ce n’est pas notre expérience sur le terrain.

Aujourd’hui, nous sommes à la veille d’une vaste réorganisation géographique à la rédaction, d’un plan de départ au technique, et d’un changement brutal de méthodes et de stratégie au service des ventes, qui s’accompagnent d’incertitude et de grand stress. Le mal-être règne au sein du journal, avec des journalistes désabusés, des employés démoralisés, des équipes d’ouvriers découragés, une direction des ressources humaines lessivée, quand elle n’est pas en attente d’un remplacement.

Aujourd’hui, nous sommes à la veille d’une vaste réorganisation géographique à la rédaction, d’un plan de départ au technique, et d’un changement brutal de méthodes et de stratégie au service des ventes, qui s’accompagnent d’incertitude et de grand stress. Le mal-être règne au sein du journal, avec des journalistes désabusés, des employés démoralisés, des équipes d’ouvriers découragés, une direction des ressources humaines lessivée, quand elle n’est pas en attente d’un remplacement.

Tous sont aujourd’hui incrédules face aux annonces. La perte de sens des métiers est un refrain que nous entendons dans chaque service. Sans oublier la stagnation salariale, le surcroît de travail et le manque de moyens humains. Sauf, pour ce dernier point, au niveau hiérarchique qui connaît une véritable inflation.

Le problème serait financier, est-il toujours répété. Pourtant, vous vous félicitiez dans les pages saumon du Figaro d’avoir renoué avec les bénéfices en 2021 avec un groupe de presse qui pèse 500 millions de chiffre d’affaires, adossé à un actionnaire unique, le Crédit Mutuel, qui a réalisé de son côté 14,5 milliards de CA. Si le coût du papier flambe, cela n’a pas empêché EBRA d’acheter le groupe de presse numérique Humanoïd pour un montant, toujours selon Le Figaro, de 40 à 60 millions d’euros.

Les salariés ne peuvent pas comprendre les efforts répétés de serrage de ceinture qu’on leur demande alors que leur direction se montre si généreuse dans ses acquisitions.

Les salariés ne peuvent pas comprendre les efforts répétés de serrage de ceinture qu’on leur demande alors que leur direction se montre si généreuse dans ses acquisitions. D’autant que, face aux sénateurs, le président du Crédit Mutuel Alliance Fédérale, Nicolas Théry a dit : « Il n’y a pas que l’argent dans la vie. »

Nous exigeons que vos paroles, prononcés sous serment, soient suivies d’actes forts autres que des réductions d’effectifs et des restrictions salariales. Nous exigeons le respect des salariés des DNA autrement que par des labels RSE. Une entreprise qui fait sa moyenne d’absentéisme à 8, voire 9 % depuis des mois, avec des arrêts de longue durée et des démissions organisées n’est pas une « Positive Workplace ».

Nous demandons, dès la semaine prochaine, le démarrage de NAO dans notre titre portant sur ces trois sujets. Un accord signé en décembre prévoit que ces discussions auraient dû se tenir avant le 31 mars 2022. Nous ne pouvons plus tolérer ces atermoiements délétères.

Le 5 avril 2022.

 

 

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