Au « Canard », la valse des signatures

0  -  Article mis à jour le 17 septembre 2023

Communiqué du SNJ-CGT

Décidément, il y a quelque chose qui ne va plus au Canard Enchaîné. La dernière affaire ? Des journalistes permanents du palmipède signent de leur propre nom des articles ou des informations en réalité fournis par des journalistes exerçant à la pige pour l’hebdomadaire !

Ainsi, le 23 août, un journaliste pigiste qui avait livré un scoop au Canard sur la fourniture par la France de véhicules blindés à l’Ukraine, a eu la surprise de découvrir que son papier, en plus d’être dénaturé par ses contacts du Canard, avait été signé des initiales de ces derniers. Comme il avait déjà subi ce mauvais traitement il y a quelques mois, il a décidé de raconter sa mésaventure sur son blog (lire ici).

L’insolent a eu droit à un coup de fil autoritaire du rédacteur en chef, qui lui a lancé : « Je comprends que vous ne vouliez plus travailler avec le Canard… » Une manière de lui faire comprendre qu’il est viré pour avoir osé révéler les drôles de méthodes de certains confrères de l’hebdomadaire satirique.

Depuis, l’insolent a eu droit à un coup de fil autoritaire du rédacteur en chef, qui lui a lancé : « Je comprends que vous ne vouliez plus travailler avec le Canard… » Une manière de lui faire comprendre qu’il est viré pour avoir osé révéler les drôles de méthodes de certains confrères de l’hebdomadaire satirique.

Ce n’est pas la première fois que des journalistes travaillant à la pige pour le Canard se plaignent de retrouver leurs informations signées par d’autres. Le 14 décembre 2022, un collectif avait déjà adressé une longue lettre à la direction du palmipède, comportant notamment cette question : « Dans quelle autre rédaction un journaliste en poste se permet-il très régulièrement de signer des articles écrits par des pigistes, usurpant leur travail et plaidant ensuite “l’erreur” ? »

Un collectif avait déjà adressé une longue lettre à la direction, comportant notamment cette question : « Dans quelle autre rédaction un journaliste en poste se permet-il très régulièrement de signer des articles écrits par des pigistes, usurpant leur travail et plaidant ensuite “l’erreur” ? »

Le 24 mars 2023, une délégation de ce même collectif avait rencontré la direction pour évoquer, entre autres, ce problème. Visiblement, tout cela n’a servi à rien.

Le 1er juin, une fois encore, les élus SNJ-CGT ont questionné les patrons du Canard sur cette appropriation du travail des journalistes rémunérés à la pige. Lesquels ont répondu : « Nous ne voyons pas de quoi il s’agit, il faut voir avec la rédaction en chef. »

Circulez, y’a rien à voir !

Le 1er juin, une fois encore, les élus SNJ-CGT ont questionné les patrons du Canard sur cette appropriation du travail des journalistes rémunérés à la pige. Lesquels ont répondu : « Nous ne voyons pas de quoi il s’agit, il faut voir avec la rédaction en chef. »

Preuve que ces pratiques inacceptables n’ont pas l’air de gêner leurs auteurs, jeudi 7 septembre, un nouveau journaliste pigiste qui proposait un énième scoop au Canard a reçu cette incroyable réponse d’une journaliste, par ailleurs administratrice du journal : « Merci pour la proposition. Nous sommes intéressés de voir les documents (sic). Mais je veux poser les choses très clairement. Si les docs sont suffisamment étayés, nous pouvons te rémunérer pour les infos au prix d’un article, mais c’est nous qui écrirons sous notre plume et donc en signant de nos noms car nous devrons contacter le ministère de […]. Nous souhaitons dans ce cas avoir l’exclusivité du sujet, sachant qu’il peut parfois être décalé d’une semaine en raison de l’actu. Si nous estimons que ce n’est pas vérifiable nous te le dirons clairement et nous te laissons évidemment le loisir de proposer le sujet à un autre média. »

De telles pratiques – outre qu’elles sont moralement indéfendables – privent Le Canard d’informations précieuses. En effet, devant un tel accueil, la tentation est grande d’aller voir ailleurs.

Alors, le respect des droits des journalistes pigistes au Canard, c’est pour aujourd’hui ou pour demain ?

Montreuil, le 11 septembre 2023.

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