La honte : l’information du service public décrédibilisée par sa propre direction !

0  -  Article mis à jour le 31 janvier 2024

Communiqué de la CGT France Télévisions

L’information muselée ?

Après l’émoi aussi vif que compréhensible suscité au sein des rédactions de France Télévisions, les articles se multiplient dans la presse autour d’une décision qui interroge très fortement : la direction de l’information de France Télévisions a décidé de suspendre la diffusion de portraits politiques dans ses magazines d’information jusqu’à l’issue des élections européennes à venir.

L’émission Complément d’enquête avait programmé ses enquêtes en respectant une certaine égalité de traitement entre les différents courants politiques, mais cette impartialité est totalement remise en cause par la direction de l’information.

Un choix pour le moins étonnant en soi, accompagné d’un argument spécieux de la part du directeur de l’information : il s’agirait d’équilibrer le temps d’expression des invité·es lors des émissions politiques à venir. Sauf que… nous apprenons entre temps que parmi les portraits dont la diffusion était déjà prévue, l’un devait être consacré à Rachida Dati, notre nouvelle ministre de tutelle, alors que celui du très macroniste et sulfureux secrétaire général de l’Élysée, Alexis Kholer, devait être rediffusé. Le temps d’antenne accordé à ces personnalités politiques au cours de ces reportages peut difficilement être décompté de celui calculé dans le cadre de la campagne pour les élections européennes. De plus, l’émission Complément d’enquête avait programmé ses enquêtes en respectant une certaine égalité de traitement entre les différents courants politiques, mais cette impartialité est totalement remise en cause par la direction de l’information.

Un affaiblissement inacceptable de l’information de service public

S’il est impossible, à ce stade, de déterminer si cette décision ubuesque est le résultat de pressions exercées par le pouvoir, du zèle d’une direction fébrile dans un moment à la fois politiquement tendu et délicat pour l’avenir de France Télévisions, ou si elle répond à d’autres motivations, le résultat pour la crédibilité de nos antennes est catastrophique. Elle fait le jeu de ceux qui dénoncent la partialité du service public, à commencer par le Rassemblement National, qui avait déjà pour projet la privatisation de l’ensemble de l’audiovisuel public, et qui crie à la connivence après la diffusion récente du portrait de Jordan Bardella.

Une politique éditoriale plus largement problématique

Plus généralement, cette décision n’est malheureusement pas la seule à poser problème sur le plan éditorial. Avec le choix, contraire aux principes déontologiques, de sponsoriser un journal télévisé (le journal du climat), avec la prééminence sur nos antennes d’une éditorialiste connue pour ses liens familiaux avec un membre du gouvernement sans que la direction de l’information ne bouge le petit doigt, avec la catastrophe éditoriale de Tempo, la coupe est pleine. Il est temps de changer de cap, d’avoir une direction qui garantisse vraiment l’indépendance de l’information et cesse d’avaler des couleuvres.

Une urgence : rétablir la confiance

Les missions premières de l’audiovisuel public sont d’assurer une information indépendante de tous les pouvoirs, d’œuvrer à la pérennité de son existence, de protéger son image et ses salarié.es. Elles sont aujourd’hui bafouées par une direction aussi légère qu’inconséquente, en plus d’être fortement suspecte de servilité.

Comme une grande partie de nos collègues, nous dénonçons fermement la décision de suspendre les portraits politiques dans les magazines d’investigation.

La direction doit faire marche arrière.

De même, elle doit impérativement reconnaitre publiquement son erreur. Ce sont là deux conditions sine qua non du rétablissement de la confiance avec le public dont nous sommes censés servir, avant toute autre considération, les intérêts.

Paris, le 30 janvier 2024.

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