Malgré les obstacles, plus d’un million de personnes ont manifesté leur soutien au référendum sur la privatisation d’ADP. Opposée à la privatisation, la CGT participe à cette campagne de signatures au côté de nombreuses associations et organisations syndicales et politiques.
Face à la décision du Parlement de privatiser Aéroports de Paris (ADP) sur proposition du gouvernement, au printemps dernier, 248 parlementaires de tout bord ont déposé une proposition de loi demandant un référendum afin « de pouvoir affirmer ou non le caractère de service public national de l’exploitation des aérodromes de Paris ». Pour obtenir ce référendum d’initiative partagée (RIP), 10% du corps électoral doit manifester son soutien, soit 4,77 milllions d’électeurs et électrices.
Alors que le million de signataires était dépassé début décembre, Emmanuel Macron semble avoir oublié sa promesse, faite fin avril lors du Grand débat, de « simplifier les règles [du RIP] en permettant que l’initiative puisse venir de citoyen·ne·s, un million de citoyen·ne·s qui signeraient une pétition et qu’elle puisse prospérer en projet de loi et, si elle n’était pas examinée par les Assemblées, aller au référendum ».
Un enjeu économique, social, écologique
La privatisation d’ADP serait la plus importante de l’histoire de notre pays : ce poids lourd aéroportuaire possède des dizaines de milliers d’hectares, notamment en Ile-de-France, qui tomberaient dans l’escarcelle d’actionnaires privés. En 2018, avec un chiffre d’affaires de 4,47 milliards d’euros, ADP a réalisé un bénéfice de 610 millions d’euros et a rapporté 173 millions d’euros de dividendes à l’Etat. Pourquoi brader ce patrimoine à des actionnaires privés, uniquement motivés par la rentabilité et l’accumulation de bénéfices ?
ADP, ce sont aussi des centaines de milliers d’emplois directs et indirects, mais également une source de nuisances sonores et de pollution engendrée par le trafic aérien. Face aux enjeux du réchauffement climatique, placer la gouvernance d’ADP entre les mains du secteur privé reviendrait à lui confier les clés de la transition écologique du transport aérien en France.
Un enjeu démocratique
Depuis le lancement du processus, le 13 juin 2019, le gouvernement a tout mis en œuvre pour que la population ignore la privatisation et ses enjeux : aucune information officielle ne sera diffusée sur l’existence du RIP et du moyen de manifester son soutien. Si l’on compare avec les 12 millions d’euros dépensés officiellement pour le « grand débat » d’Emmanuel Macron ou avec le nombre de publicités gouvernementales pour la privatisation de la Française des jeux cet automne, le déni de démocratie saute aux yeux.
Ne comptons pas sur le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), prétendument garant du pluralisme dans le secteur audiovisuel, pour rétablir le droit des citoyens à connaître l’existence du RIP. Par la voix de son nouveau président, Roch-Olivier Maistre, le CSA a indiqué en juillet qu’il ne pouvait contraindre les chaînes de télévision, fussent-elles publiques, à informer sur le processus référendaire, aucun « dispositif particulier » n’étant prévu par la loi.
Mais que font les médias ?
Au moment du débat parlementaire sur la privatisation d’ADP, en mars-avril, la plupart des médias ont informé sur le projet de privatisation et sur l’opposition à ce projet. Mais dès la loi Pacte adoptée, le sujet a disparu des radars. Pour le site Le Média, « les médias dominants ont organisé un véritable black-out sur la pétition contre la privatisation d’Aéroports de Paris » (sujet vidéo publié en juillet). Par exemple, selon Le Média, au JT de 20 heures de France 2, le « grand débat » a été traité 24 jours sur les 30 premiers jours de la consultation, tandis qu’il y a eu un seul sujet sur le référendum ADP entre le 13 juin et la fin juillet.
En novembre, les parlementaires initiateurs du RIP, constatant le blocage médiatique, ont décidé de se cotiser pour payer des spots radio afin d’informer les citoyens. Mais Radio France, par exemple, se fait tirer l’oreille, alors qu’elle a diffusé sans rechigner les spots pour la privatisation de la Française des jeux. Dans tous les médias, avec nos collègues journalistes, exigeons une information digne de ce nom sur le référendum pour ADP.
Sur le terrain et via les réseaux sociaux, le travail de fourmi continue. Le collectif unitaire national et les collectifs locaux organisent des temps forts et des séances de signatures dans les lieux publics, sur le parcours des manifestations, etc. Des mairies informent les citoyens et mettent à leur disposition des points de collecte des signatures.
Sylviane Gauthier
Le site qui vous informe sur l’état des soutiens : cliquer ici
Le formulaire officiel pour soutenir le RIP : cliquer ici
Lire le dossier publié sur le site de la CGT: “RIP ADP : première escale vers la démocratie”