Communiqué du SNJ-CGT de France Télévisions
Les personnels d’Antibes avaient donné l’alerte, ensuite ceux de Paca, puis des journalistes de Nancy et tout récemment, c’est en Aura (Auvergne-Rhône-Alpes) qu’on a vu rouge ! On avait bien eu la tentative de tournage avec smartphone par une seule personne, mais alors ce coup là, on ne l’avait pas vu venir !
Ni plus ni moins qu’un pied de nez au journalisme ! C’est ce que sont ces séquences auto-filmées au smartphone par des quidam qui s’auto-interrogent et auto-commentent leur situation : des provocations, parce qu’elles sont fabriquées sans l’intervention de journalistes de terrain et diffusées dans les JT régionaux, en lieu et place de « vrais » reportages réalisés par des professionnels dans le respect des pratiques journalistiques !
Ces auto-portraits fabriqués, ici par une postière, là par un chef d’entreprise ou encore un artiste … pourraient avoir toute leur place dans un espace télévisuel dédié, autre que les créneaux d’infos de 12h et 19h ! Mais ils n’ont rien à faire dans un journal où les informations diffusées répondent à des exigences professionnelles : vérifier les infos, croiser les sources, mettre en perspective, rester à distance, éclairer le contexte, multiplier les points de vue, etc.
Le SNJ-CGT avait alerté la direction lors du dernier CSE sur le risque que font courir ces modules à l’info certifiée ! Alors comment peut-elle se gargariser d’un taux de confiance de 78 % accordé par les citoyens aux professionnels des JT régionaux de France 3 – d’après IPSOS – et « en même temps », laisser ces mêmes journaux présenter des travaux d’amateurs non journalistes, au détriment des savoir-faire de ses professionnels ?
Sans oublier que ces initiatives provocatrices – qui n’ont rien à voir avec les fameuses « nouvelles écritures » – servent aussi à écarter les journalistes non permanents de nos rédactions !
Ces encadrants, qui croient préparer vertueusement « le jour d’après » en multipliant ces expérimentations sauvages, jouent les apprentis sorciers. Et les personnels dont ils dévalorisent ainsi l’implication professionnelle dans un quotidien dangereux s’en souviendront : la légitimité hiérarchique est aussi affaire de crédibilité professionnelle ! Et la confiance, ça se perd vite !
Inconscience ? Démagogie ? Excès de zèle ? Dans le réseau, on en trouve un peu trop de ces encadrants irresponsables qui ont oublié les valeurs que porte leur carte de presse !
Paris, le 4 mai 2020.
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